Cette semaine, lorsque l’on a décidé de regarder dans le rétro, c’est dans le New-York des années 1960 que l’on s’est retrouvé pour assister à une rencontre aussi inédite que pionnière : celle de Robert Rauschenberg et de Billy Klüver, ingénieur de la compagnie de téléphone Bell. S’en suit un cycle de performance qui marqueront à jamais l’évolution des rapports entre l’art et la technologie.
Que se passe-t-il quand un artiste au top de sa carrière rencontre un ingénieur d’une entreprise de téléphonie ? Cela donne en l’occurence 9 Evenings : Theatre & Engineering, un ensemble de performances axées autour de la technologie. En 1966, le duo invite une dizaine d’artistes à réaliser leur happening idéal, rendu possible grâce à des outils de pointe des laboratoires Bell. Inspiré par les expérimentations des membres de la compagnie de Merce Cunningham et du Judson Dance Theatre, les 9 Evenings : Theatre & Engineering permettent dès lors à des artistes tels qu’Öyvind Falhström, John Cage ou encore Yvonne Rainer de repousser les limites de leur art sur la scène du manège militaire du 69e régiment, à New York, où décidément tout se passe dans les années 1960.
La beauté de l’art-tech
Première collaboration à grande échelle entre artistes, ingénieurs et scientifiques, l’événement est le fruit de dix mois de travail afin de développer des équipements et des systèmes techniques qui font alors partie intégrante des performances des artistes et permettent à ces avant-gardistes d’utiliser des outils tels qu’une télévision en circuit fermé, une caméra à fibre optique ou infrarouge, ou encore un sonar Doppler.
Résultat ? Une série de performances aussi innovantes qu’iconoclastes, toutes filmées pour la postérité. De ces films, perdus puis retrouvés en 1995, Billy Klüver en fera une série de documentaires, réalisée en collaboration avec Julie Martin et la réalisatrice Barbro Schultz Lundestam où les archives sont complétées d’entretiens inédits des protagonistes, qu’ils soient artistes ou scientifiques. Un document d’histoire, donc.