Cette semaine, lorsque l’on a décidé de regarder dans le rétro, on s’est envolé sur la Lune. La faute à l’œuvre Luna de Fabio Mauri qui, en 1968, annonçait les prémices d’une expérience immersive.
En mai 1968, le galeriste italien accueille une exposition d’un nouveau genre, Teatro delle Mostre, présentée durant trois semaines au sein de son établissement romain, la Galleria La Tartaruga. Éphémère, l’événement éphémère remet en question la conception même d’une exposition, et propose chaque soir à un artiste différent d’y présenter une installation qui devra avoir pour seule contrainte d’impliquer la participation physique du spectateur.
Le 25 mai, c’est donc au tour de Fabio Mauri de présenter son œuvre, Luna, invitant le public à pénétrer dans un espace lunaire reconstitué.
Objectif Lune
Nous sommes alors six petits mois avant l’alunissage d’Apollo 11, et la conquête spatiale est sur toutes les lèvres. Invité à entrer dans cet espace obscure tapissé de deux couches de polystyrène par une trappe aux contours organiques, le spectateur se déplace, s’allonge, et s’approprie alors cet espace recouvert de pellets.
Son pas est troublé, lourd et léger à la fois, lorsqu’il foule ces massifs aux reliefs changeants dont la matérialité absorbe le son et bouleverse la relation du spectateur avec son espace. Quant à cette lumière diffuse, qui pénètre également par cette porte ovoïde, elle se reflète sur les billes de polystyrènes, qui deviennent ainsi poussière de lune, achevant de parfaire l’atmosphère céleste fantasmée par Fabio Mauri. Et faisant ainsi des visiteurs du Teatro delle Mostre les premiers à poser le pied sur la Lune, quatorze mois avant les astronautes de la NASA.