Découverte à Art Basel Paris, sur le stand de la galerie parisienne Exo Exo, l’installation vidéo et sculpturale de Lou Fauroux pose une question : que se passerait-il si Internet disparaissait demain ?
Interrogeant notre rapport au numérique à travers une pratique de la vidéo et de l’installation, l’artiste de 26 ans, rencontrée dans son studio l’année dernière, a séduit les visiteurs de la dernière édition d’Art Basel installée dans un Grand Palais fraîchement rénové grâce à son installation K-Detox. Composée d’un film 3D réalisé par ses soins diffusé sur un carrousel de neuf moniteurs, l’œuvre flirte avec les codes esthétiques d’un data center laissé à l’abandon, où câbles d’alimentation et système de connexions sont négligemment laissés visibles. Un ensemble de métal et d’écran qui ancre l’œuvre dans le champ de l’art contemporain, mais dont le propos semble tout entier mis au service d’une histoire dystopique : celle d’un monde où, suite à une série de catastrophes géopolitiques, nous serions tous privés d’Internet.
Kim K à la rescousse
Comment apprendre à vivre dans une telle société, alors que nous sommes tous hyper-connectés en permanence ? Pour imaginer une réponse, Lou Fauroux construit son récit autour d’un centre de désintoxication conçu par le clan Kardashian-Jenner et Mark Zuckerberg, dans lequel on suit des patients en deuil, détruits par la perte du numérique, qu’ils essaient de prolonger dans la vraie vie en transposant des souvenirs virtuels au monde réel.
Saisissant sur bien des aspects, K-Detox se caractérise aussi par sa dimension comique, tout en s’inscrivant dans une série de films baptisée Internet Collapse qui réfléchit à l’effondrement potentiel d’Internet et aux effets que cette catastrophe aurait sur les humains. « Moi je n’étais pas là quand Internet n’existait pas, rappelle Lou Fauroux à Brut. Maintenant, n’importe quelle structure de la société dépend de cet organe qui est Internet. » De quoi nourrir son imagination au moment de penser cette fiction d’anticipation géniale, à l’heure où même les échanges de vœux se font par mail.