Créé pour les abeilles, guêpes et autres papillons, « Pollinator Pathmaker » propose aux humains de se mettre au service des pollinisateurs et de leur concevoir un jardin idéal. Une inversion des rôles particulièrement saisissante !
Symbole d’une génération de têtes chercheuses dont la pratique se situe à l’intersection de l’art, de l’écologie et de la technologie, Alexandra Daisy Ginsberg vient de dévoiler un projet complexe, qui remet la nature au centre de la création : de nombreuses espèces de pollinisateurs étant en voie d’extinction, Pollinator Pathmaker propose en effet de chouchouter ces petites bêtes, essentielles à la reproduction des plantes et à l’épanouissement de nos écosystèmes. Ainsi, l’artistique britannique, 41 ans, encourage chacun à changer de perspective et à se demander à quoi ressemblerait un jardin s’il était conçu du point de vue des pollinisateurs plutôt que du nôtre.
Le jardin, espace créatif
Conçu en collaboration avec les horticulteurs d’Eden, des experts en pollinisateurs et un scientifique spécialisé dans l’IA, le site www.pollinator.art est basé sur un algorithme entraîné pour réaliser un environnement planté empathique et adapté à la localisation de celui qui utilise l’outil. En prenant également en compte le fait que les pollinisateurs voient les couleurs différemment et changent selon les saisons, les jardins révèlent aussi des nuances extraordinaires, qui évoluent au fil des mois. Une fois le jardin 3D généré, libre à l’utilisateur de s’y balader en zoomant, d’en apprendre davantage sur les plantes qui le composent et de télécharger des instructions de plantation (accompagnées d’un certificat d’authenticité pour votre œuvre éditée) afin de reproduire cet Eden informatique en une véritable pépinière.
Au fond, la démarche d’Alexandra Daisy Ginsberg s’inscrit dans le prolongement de travaux d’autres artistes actuellement soucieux d’imaginer une création artistique respectueuse de la réalité écologique – au Cube Garges, par exemple, dans le cadre de l’exposition Néo-matérialités, on a découvert Richard Vitols, qui expérimente un nouveau type d’agronomie en imaginant que les agriculteurs élèveront des milliers de ballons d’hélium au-dessus de leurs terres afin de recueillir l’eau du nuage. Reste que Pollinator Pathmaker, ce n’est pas juste un concept, ce sont aussi des peintures numériques, éclatantes, édifiantes, parfaitement détaillées, qui prouvent une fois de plus que l’art n’est jamais meilleur que lorsqu’il est traversé par la recherche du beau, les nouveaux outils technologiques et les préoccupations contemporaines – seule manière, finalement, de se confronter à des œuvres capables d’impacter notre façon d’envisager le quotidien.