Au sein d’une année qui semble débordée de biennales en tous genres, le grand rendez-vous des arts numériques s’apprête à faire son retour : à partir du samedi 30 septembre, la Biennale Némo investit le CENTQUATRE-PARIS avant de se répandre dans une vingtaine de lieux franciliens au cours des trois mois suivants. Immanquable !
Qui lui fera l’affront de la présenter ? Personne ! Du moins, pas du côté des techno-aficionados aux imaginaires abreuvés à l’art. Ces dernières années, la Biennale Némo est devenue LE rendez-vous incontournable pour la création numérique, à la fois le plus pointu et le plus populaire, dont l’aura rayonne bien au-delà de la région Île-de-France où elle a pieds. Bien au-delà, aussi, de la sphère des professionnels puisqu’elle a conquis le coeur du grand public avec des installations ludiques et immersives qui semblent faire mouche à chaque édition. Il faut dire que leur caractère hautement instagrammable joue en la faveur de l’évènement.
Pour cette rentrée, les deux directeurs artistiques, Gilles Alvarez et José-Manuel Gonçalvès, colportent fièrement la nouvelle : pas moins de 8 expositions, 24 spectacles et un cycle « arts & sciences » autour de l’oeuvre du cinéaste Christopher Nolan… À l’affiche, on retrouve également les noms d’Evian Christ, Bill Vorn, Christian Rizzo, Ariane Loze, Clare Poolman… Paris et sa grande couronne envoient du lourd et, plus que tout, du passionnant, du spectaculaire, parfois aussi du politique, du poétique… Le regard porté sur « l’ère numérique » et ses mille rejetons se veut tantôt fasciné, tantôt critique, pour le plus grand régal de notre cogito (ergo sum?)
Un autre « je » est possible
Il y a quatre ans, pour son avant-dernière édition, Némo nous projetait dans un musée imaginaire, sans humains. Ceux-ci auraient disparu suite à l’effondrement du monde, ou bien auraient simplement été rendus obsolètes par les machines. Cette fois, c’est bien cette figure qui fait son retour. Avec, en guise de d’accroche, un message clair : non, les avancées technologiques n’actent pas forcément notre disparition, mais peut-être davantage notre nécessaire mutation.
« Je est un autre » – la formule est reprise à Rimbaud, totalement étranger au numérique mais conquis par les pouvoirs de la poésie. Elle fait en tout cas sens avec le thème exploré cette année : celui de nos « personnalités multiples », créatives, obsédées, névrosées, dans les mondes virtuels (doubles, avatars, technologies de l’égo, quête de visibilité…). Dans quel but ? Dans l’idée de moquer cette surenchère du moi-moi-moi, de comprendre ce culte de la personne ou bien d’analyser cette dissolution de toute notion d’individualité au sein d’environnements instables et fluides ? Réponse lors de la prochaine édition de la Biennale, qui débute donc le 30 septembre prochain au CENTQUATRE-PARIS avec l’activation de l’installation lumineuse de Maxime Houot, Ataraxie.