Alors qu’une de ses œuvres est actuellement exposée au HEK de Zürich dans l’exposition Collective Worldbuilding – l’art dans le métavers, la Sud-Coréenne vient de remporter le prestigieux Golden Nica d’Ars Electronica (catégorie « New Animation art ») pour sa pièce Delivery Dancer’s Sphere. Portrait.
En marge de sa présence au sein de Collective Worldbuilding – l’art dans le métavers, Ayoung Kim vient de réaliser un mini exploit : être la toute première récipiendaire coréenne à recevoir ce prix auquel ont participé 1 116 artistes cette année. Il faut dire qu’elle ne débarque pas de nulle part : diplômée des Beaux-Arts à la Chelsea College of Art de Londres, ainsi qu’en photographie, l’artiste explore notre monde en le projetant dans des futurs proches.
Delivery Dancer’s Sphere, par exemple, consiste en une installation vidéo de 25 minutes à propos des travailleurs des plateformes et cette chère gig economy qui emploie (exploite ?) plusieurs milliers de livreurs payés au lance-pierre, privés de tout avantage social.
Dispositifs narratifs
Numérisation 3D volumétrique, moteur de jeu et avatars numériques… L’artiste a recours à toutes sortes de techniques de production d’images afin d’offrir un peu d’épaisseur et de beauté à son univers dystopique. Au sein de Delivery Dancer’s Sphere, celui-ci se matérialise via la vie d’Ernst Mo (une anagramme de « monster »), jeune employée d’une plateforme de livraison, Delivery Dancer, condamnée à errer telle Alice dans un Séoul désincarné, à se perdre ou à combattre son alter ego, En Storm. Le prologue est alléchant, sa mise en scène parfaitement réussie, cette installation se recevant comme une cartographie particulièrement esthétique et technique des valeurs d’un monde envahi par le capitalisme de plateforme.
Dans tous les bons coups, Ayoung Kim, 44 ans, multiplie actuellement les réussites : outre Collective Worldbuilding – l’art dans le métavers et Ars Electronica, la Sud-Coréenne émerveille de sa présence Almost Grown Up au Kunstlaboratorium de Vestfossen, en Norvège, Climate of Cinema: Isle, The Planet and Postcontact Zone au BusanMoCA Cinemedia. Avec, à chaque fois, la même faculté à déployer des dispositifs narratifs, à parler d’événements historiques ou de problématiques sociales dans des installations multidimensionnelles.