À Bruxelles, l’ Atomium fait appel au collectif Visual System pour un changement de peau aussi radical qu’éphémère. Plongée dans un art mixte, à la croisée de l’architecture, des arts numériques, du cinéma et de la musique. À la croisée aussi, de l’espace et du temps, du rêve et de l’éveil, de la nature et de la science…
Créé en 2007, Visual System a pour paradoxe d’être un collectif de l’ombre qui travaille avec la lumière. Pour ne rien arranger, le collectif se veut également évolutif, et compte presque autant de têtes que de projets à son actif. Pour l’Atomium, dans le cadre de l’exposition RESTART, Visual System a par exemple fait appel à Stéphane Beauverger, écrivain de science-fiction afin de mettre en récit les choix scénographiques.
Toutefois, voici la base : Pierre Gufflet, Valère Terrier, Ambroise Mouline et Julien Guinard. À eux quatre (et avec la contribution d’autres personnes), ils ont habillé le MDL Beast en Arabie Saoudite, illuminé le Wonderfruit en Thaïlande, transcendé le Wanderlust à Paris. Jusqu’au 24 septembre 2023, c’est au tour de l’Atomium, à Bruxelles, de bénéficier de leur vision d’un art total : sculptures de lumières, transfigurations d’architectures, compositions symphoniques en électro-acoustique, etc.
Dramaturgie lumineuse
Si on a tendance à minimiser leur talent, c’est peut-être aussi parce que leur matière première, la lumière, est évanescente. D’ailleurs, nos sens ne s’y trompent pas, complètement chamboulés par cette façon d’être projetés dans ces environnements modelés par des moyens qui nous paraissent magiques, tant on en ignore les tenants et aboutissants. « Nous travaillons uniquement nos créations en conversation directe avec le in situ, tient à rappeler le quatuor, rapprochant son travail de la composition d’orchestre, ou d’une certaine forme de dramaturgie. Nous les façonnons à l’échelle d’une architecture souvent monumentale, pour les faire chanter, pour – à travers les couleurs, les mouvements, la lumière – créer des points chauds, des obscurités, etc. Nous écrivons une partition que l’on joue, millimétrée. Une narration unique que l’on construit, abstraite mais qui a un début et une fin. »
Avec Centrale, Visual System dote également le monument emblématique, devenu lieu d’art à Bruxelles, d’une oeuvre pérenne, où les volumes sont emplis de rayons qui dansent, de sons qui prédisposent à un état contemplatif profond et rare, tirés d’une composition originale de Thomas Vaquié. C’est évidemment intriguant, mais tout aussi questionnant : et si, après tout, cette proposition n’avait d’autre but que de reformuler ce que l’on appelle traditionnellement l’« art contemporain » ?