Qui de mieux pour parler de la jeunesse que la jeunesse elle-même ? Menée par le Master Arts Visuels de l’ECAL, à Lausanne, l’exposition THEY, portée par des artistes bien identifiés de nos services (Sara Sadik, Caroline Poggi & Jonathan Vinel), est le parfait reflet d’une génération aux multiples visages, aussi politiques qu’innocents.
Pendant deux ans, le projet de recherche « The Raving Age. Histoires et figures de la jeunesse », dirigé par Vincent Normand, Philippe Azoury et Shirin Yousefi, a rythmé le quotidien des étudiants de l’ECAL, qui ont pu, tour à tour, assister à des workshops animés par des artistes, des penseurs, des écrivaines et même d’autres étudiants, à retrouver dans leur intégralité sur la plateforme www.theravingage.com. Toutes ces rencontres, hautement stimulantes, ont motivé les élèves à prolonger ces réflexions au sein d’une exposition montée en collaboration avec le Consortium Museum, à Dijon, et visible jusqu’au 13 janvier.
Manifeste pour la jeunesse
Difficile d’offrir une représentation globale de la jeunesse sans tomber dans des clichés stéréotypés. Alors, THEY prend le parti de ne pas en prendre, dressant un portrait morcelé d’une génération évoluant dans un monde torturé, entre drames, précarité et espoir dévorant – un quotidien pesant qui la fait, peut être, grandir un peu plus vite, réfléchir un peu plus vite, s’engager un peu plus vite, et qui lui fait, surtout, se poser beaucoup de questions : « THEY, ce n’est pas nous, c’est déjà l’énoncé d’un manque, d’une distance… (…) Comment dire la condition et la créativité d’un corps collectif virtualisé ? Comment contourner les impasses du folklore de la différence, de l’innocence, de l’inventivité première ? Éviter de faire de la sociologie sur fond de crise existentielle et esthétique ? Se déprendre d’une passion sénile pour ce qui bouge, ce qui vit, se révolte ? », se questionnent les étudiants en présentant leur projet. Libre à l’art, désormais, d’avancer de possibles réponses, complètes ou non.
Véritable expérience de coproduction et de collaboration entre un musée et une école d’art, l’exposition alterne les médiums et les formats, à l’image de la multiplicité des profils de ces jeunes adultes, qui ne sauraient être enfermés dans des cases. Du show de télé-réalité réalisé par Sara Sadik à l’œuvre performative de Gabriele Garavaglia, des expérimentations visuelles de Caroline Poggi & Jonathan Vinel aux sculptures de David Douard, THEY arpente son sujet via de multiples angles, et séduit pour la place qu’elle accorde à des pièces d’artistes déjà bien établis, tels que Jill Mulleady (qui propose une oeuvre spécialement conçue pour le projet), David Wojnarowicz ou encore Morag Keil, dont les formes d’expression sont aussi multiples que la jeunesse d’aujourd’hui.