Clap de fin pour la Mostra de Venise ! Alors que le plus grand festival de cinéma italien vient de s’achever, Fisheye Immersive fait le point sur le palmarès de sa section Immersive.
Sur l’île de Lazzaretto Vecchio, à deux pas du Lido de Venise, tout le fleuron du cinéma immersif s’est donné rendez-vous pour célébrer les révolutions technologiques et formelles en cours au sein du 7ème art. Parmi les 26 projets en compétition au sein de Venice Immersive (dont 19 premières mondiales et 7 premières internationales), le jury avait fort à faire. Présidé par la directrice artistique Céline Daemen, et comptant dans ses rangs Marion Burger, lauréate en 2023, celui-ci a finalement tranché ! Retour sur une édition pleine de surprises, déterminée à redonner toute son importance à l’imagination.
Grand prix : Ito Meikyu, de Boris Labbé
Ito Meikyu est une expérience de réalité virtuelle qui se développe autour de références à l’histoire de l’art et à la littérature japonaise, inspirée notamment du Fukinuki Yatai, du Dit du Genji et des Notes de Chevets. Déployées à la manière d’un grand kaléidoscope, les multiples scènes dessinées, animées et sonores, sont prises au sein même de la matière numérique, recréant dès lors un monde subjectif et fracturé. Ito Meikyu déploie ainsi un espace virtuel déambulatoire, un labyrinthe composé de tout et son contraire où le spectateur avance à tâtons, fasciné par la découverte de l’univers de Boris Labbé, cet artiste français qui ne cesse de confirmer ce que nous disions de lui en février dernier : à l’heure actuelle, difficile de trouver un autre artiste capable de croiser avec autant de subtilité le dessin et les outils numériques.
Prix spécial du jury : Oto’s Planet, de Gwenael François
Dans Oto’s Planet, une expérience interactive en réalité virtuelle stéréoscopique (6Dof), le spectateur omniscient suit Oto, paisible sur sa petite planète. Accompagné de son animal de compagnie, Skippy, Oto se prélasse dans un hamac à longueur de journée et déguste les délicieux fruits du seul arbre de son petit monde. Une quiétude bientôt troublée par l’atterrissage accidentel d’Exo, un petit cosmonaute hyperactif et envahissant, pour lequel on éprouve finalement une certaine sympathie. Poétique et ludique, l’expérience de Gwenael François propose à l’utilisateur de choisir son point de vue et d’influencer l’histoire afin de faire progresser le récit. Rien n’inédit, donc, mais la vraie réussie d’Oto’s Planet se trouve ailleurs : dans sa fluidité et la maîtrise de son récit.
Première réalisation : Impulse : Playing With Reality, de Barry Gene Murphy, May Abdalla
Pour la première fois dans l’histoire du cinéma immersif, Impulse s’intéresse aux mécanismes du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Grâce à une expérience en réalité mixte ludique, produite par le studio StoryLab de France TV (de même que Mamie Lou), Barry Gene Murphy et May Abdalla infiltrent le cerveau et nous en expliquent son fonctionnement interne. Malin, le duo nous permet également de faire la rencontre de quatre petits personnages dont les histoires et les environnements se répandent dans la salle de projection. Basé sur des témoignages réels, le récit nous permet d’explorer la complexité du TDAH, sans jamais rien sacrifier de l’expérience cinématographique.