Alors qu’en Île-de-France, le mois d’octobre a été rythmé par les visites d’ateliers d’artistes de Montreuil, Bagnolet ou Montmartre, une tendance plus passéiste semble lentement se dessiner dans le monde merveilleux de la réalité virtuelle….
Rencontrer Van Gogh au milieu de ses palettes en bazar et de ses toiles par dizaines calées contre les murs, cela semble impossible… C’est pourtant ce que proposent actuellement les équipes du Hangar Y qui, associés aux studios français Lucid Realities et Gédéon expériences, imaginent une expérience inédite où le visiteur contemporain partirait à la découverte des ateliers de l’artiste hollandais. Le terreau est si fertile que de tels projets sont également proposés autour de Gaudi et de Monet.
Intitulée Les ateliers extraordinaires, cette programmation – à découvrir à partir du 1er novembre au Hangar Y de Meudon – rassemble trois expériences immersives en réalité virtuelle plongeant les amateurs d’art au plus près de peintres iconiques, de leur processus créatif, de leur quotidien. Équipé d’un casque de VR, le spectateur découvre ainsi « ces trois figures majeures des XIXe et XXe siècles, et ce, en étant plongés directement au cœur de leur processus créatif ». Telle est la promesse faite le centre d’art meudonnais, qui tente discrètement ici de faire du neuf avec du vieux. Avec un réel succès.
La technologie au service de l’histoire
Quiconque suit l’actualité des arts numériques l’aura noté : Monsieur Vincent, qui nous invite au coeur de la maison du docteur Gachet à Auvers-sur-Oise, avait déjà été présentée au musée d’Orsay à l’occasion de l’exposition dédiée aux dernières années du maître postimpressionniste, tandis que GAUDÍ, l’Atelier du Divin, qui explore l’oeuvre ultime de l’architecte espagnol (la Sagrada Familia), avait été testée sur le public cet été à Illucity Paris La Défense. De son côté, Claude Monet – L’Obsession des Nymphéas avait déjà séduit les amoureux de l’Impressionnisme au musée de l’Orangerie. Toutes couronnées de succès, ces expériences sont en quelque sorte devenir une valeur sûre, une valeur refuge pour les institutions, et soulèvent au passage la question de la fascination du lien entre musée, histoire et technologie.
Des collections éternellement revisitées
Au sein d’une institution, l’usage de la technologie n’est-elle légitime que lorsqu’elle est mise au service du canon, de ce que l’histoire de l’art a déjà adoubé ? Alors que l’Atelier des Lumières s’applique à vulgariser le parcours artistique de grands noms ou de grands mouvements, reléguant majoritairement la création contemporaine à un petit espace (Le Studio, où Thomas Vanz a notamment exposé), d’autres hauts-lieux de la culture (le musée d’Orsay, donc, mais également le Louvre et tant d’autres) misent sur l’immersif afin d’attirer de nouveaux publics et de présenter autrement des collections pourtant déjà bien établies. Difficile dès lors pour les artistes VR contemporains de s’inscrire de façon pérenne dans les programmations des musées. Jusqu’à ce que leurs œuvres entrent, à leur tour, au panthéon ?