Pour cette 55ᵉ édition des Rencontres de la Photographie d’Arles, les œuvres numériques et immersives se font une place toute privilégiée. De l’intelligence artificielle, qui place la photographie en face de nouveaux enjeux, à l’expérience immersive qui appelle tous les sens, le festival de renommée international propose une balade à la fois ludique et réfléchie. Quand Nhu Xuan Hua et Vimala Pons offrent une expérience à la croisée des médiums pour repenser l’espace domestique via des photographies, des sculptures et des vidéos s’accompagnant de poèmes musicaux, Bruce Eesly, jardinier de profession, fait réfléchir l’IA sur la question de la révolution verte. Tandis que François Bellabas, lauréat du Prix Découverte de la Fondation Louis Roederer, revient sur les défis de la photographie face à l’IA pour mettre en lumière les feux de forêt qui sévissent en Californie, la Fondation MRO explore les complexités de l’interaction humaine à travers les œuvres de deux artistes taïwanais : l’installation vidéo Passion de Jun-Jieh Wang, et l’installation audiovisuelle Françoise de Chun-Yi Chang.
En marge des expositions officielles des Rencontres d’Arles, la tour futuriste de LUMA Arles se dote d’une dimension résolument numérique. Le studio néerlandais DRIFT y propose une expérience immersive rendant hommage à Van Gogh, conçue par 64 artistes. Mais c’est sans conteste EBB : Me Time qui retient l’attention. Initiée par Neïl Beloufa, cette installation s’inscrit dans une recherche au long cours sur le potentiel de l’innovation au service de la vision des artistes. EBB y invite artistes, auteurs et cinéastes à explorer les technologies qui façonnent nos vies numériques à l’ère de l’économie de l’attention. Dès l’entrée, les participants sont invités à céder leurs données personnelles et une photographie. Ces informations permettent de générer un QR code qui servira de guide tout au long de l’expérience. Muni d’un smartphone, le visiteur s’aventure ensuite dans une installation immersive et interactive où art génératif et réalité augmentée se déploient. Preuve que les Rencontres d’Arles ont bien conscience des enjeux/évolutions en cours, et qu’elles refusent de rester figées sur un médium.