Kevin Bray, Florian Zumbrunn, Melody Bossan, Floriane Lisowski ou encore Mélissa Martinez. Ensemble, ces artistes incarnent les visages d’une scène numérique française évoluant avec plus ou moins d’intensité au sein de la sphère NFT. Fisheye Immersive se charge des présentations.
Kévin Bray
Du haut de ses 36 ans, Kévin Bray contemple le monde des NFTs depuis son boom médiatique, en 2021. Basé à Amsterdam, ce Ch’ti d’origine oriente sa pratique autour de l’éducation des médias et de la démystification des récits numériques. « Dans mon travail, j’essaie d’être un généraliste des technologies, des outils et des médias, » résume-t-il. En tentant de décomposer pour mieux comprendre le langage de chaque support visuel digital, celui qui a fait ses études au Sandberg Instituut Amsterdam et à la Rijks Akademie utilise surtout le numérique pour parler de deux sujets essentiels : le monde contemporain et nous, consommateurs de cet univers.
Pour poser un regard objectif (mais critique) sur notre société, Kévin Bray mise sur l’expérimentation. Politique, son travail dévoile toutes les couches de la fabrication d’une image, de ses ajouts à ses lacunes. Raison pour laquelle, au terme « montage », l’artiste préfère celui de « collage », nettement plus approprié à son approche et à ses œuvres teintées de surréalisme.
Florian Zumbrunn
S’il y a bien un artiste qui incarne à lui seul la notion de « néo-impressionnisme », c’est Florian Zumbrunn. « En tant qu’artiste génératif, je peins avec du code, me tenant sur les épaules des maîtres de l’impressionnisme pour réinventer leur mouvement dans un langage contemporain, où chaque ligne de code tisse un pont entre passé et avenir artistique », détaille le Parisien. Après avoir développé un algorithme nourri des grands maîtres du début du XXème siècle, l’artiste ajoute de nombreuses répétitions dans son code afin d’affiner son algorithme et, par extension, son style. Une fois satisfait du résultat, Florian Zumbrunn imprime son travail sur du papier de qualité avant de retravailler son œuvre aux pastels secs et gras. Une manière subtile et pertinente de relier monde virtuel et physique.
Le Moon
De son vrai nom Melody Bossan, LeMoon est une artiste utilisant l’intelligence artificielle afin de générer ses propres souvenirs, ses rêves les plus secrets ou même ses peurs les plus enfouies. Basée à Nice, l’artiste diplômée d’une formation en en production télévisuelle et en marketing de jeux vidéo insuffle soleil et légèreté dans des œuvres denses, nuancées et bien plus complexes qu’il n’y paraît.
Grâce à une utilisation subtile de l’IA, LeMoon propose effectivement un vrai travail intime, qui puise également dans l’imagerie surréaliste pour créer des scènes à la fois absurdes et profondément réalistes. Une façon pour elle de se réapproprier l’espace numérique, d’en faire son propre journal intime, dévoilé à la vue de tous.
Floriane Lisowski
Aussi différentes soient-elles, les œuvres de l’artiste pluridisciplinaire Floriane Lisowski ont toutes un point commun : la célébration de la nature. « Si, en tant qu’artiste, je contribue à montrer l’importance de la préservation d’un écosystème fragilisé, alors mon travail a du sens », résume-t-elle. Ses travaux numériques ne font donc pas exception. Pensées pour éduquer, mais également pour fédérer autour des sujets environnementaux, ces derniers opposent la puissante beauté de la nature à la fragilité des espèces menacées par les désirs de conquête humaine.
De quoi séduire le Musée national d’Histoire naturelle de Paris qui présente au sein de sa Grande Galerie de l’Évolution cinq sculptures 3D d’animaux hybrides signées Floriane Lisowski.
Mélissa Martinez
Inspirée par la mythologie, celle qui est passée par le dessin traditionnel avant de se tourner vers la 3D et la blockchain utilise la figure de la déesse pour représenter des femmes, à la fois fortes et mystiques. Une figure universelle qui permet à l’artiste de parler de son intimité, de ses traumas et, plus largement, du fait d’être une femme dans une société patriarcale.
À travers ses nus, Mélissa Martinez interroge ainsi les notions de genre et tente de lutter contre la censure numérique tout en mettant en lumière les artistes queer au sein du Web3. Une façon d’insuffler aux espaces numériques un brin de militantisme, dont ils manquent encore cruellement, et de proposer un « female gaze », encore trop rare dans le monde de l’art, digital ou non.