Avec Nam June Paik, Miroslaw Rogala est l’autre grand nom de l’art conceptuel des 1970’s

Il y a 4 heures   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Avec Nam June Paik, Miroslaw Rogala est l'autre grand nom de l'art conceptuel des 1970's

Pionnier de l’art génératif, Miroslaw Rogala fait de la résistance. Exposé jusqu’au 21 mai à la Artverse Gallery, qui lui consacre une grande monographie, l’artiste polonais propose une large exploration de sa carrière, de ses premières expérimentations analogiques à ses créations numériques contemporaines.

Né en Pologne en 1954, Miroslaw Rogala est un pur produit artistique de son époque. Parce qu’il a entamé sa carrière dans les années 1970, à une période marquée par une certaine effervescence iconoclaste. Parce qu’il s’inscrit dans une dynamique de remise en question des formes artistiques traditionnelles. Et parce qu’à la manière de Nam June Paik ou John Cage, il souhaite lui aussi brouiller les frontières entre contemplation et implication du spectateur.

Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts Jan Matejko de Cracovie en 1979, Miroslaw Rogala se tourne ainsi très rapidement vers les nouveaux médias, qu’il utilise principalement dans la mise en place d’installations interactives. Son œuvre Pulso-Funktory (1975) reste, encore à ce jour, l’une des plus emblématiques de cette période : composée de panneaux lumineux et de sons électroniques, celle-ci intègre le spectateur, qui est obligé d’interagir avec elle afin de la faire vivre. Peut-être ne sans doute-t-il pas, mais l’artiste pluridisciplinaire polonais contribue alors à poser les bases de l’art immersif, le temps d’une installation tellement emblématique qu’elle lui permet de se faire un nom sur la scène artistique. 

Un prophète du monde numérique

Fraîchement diplômé, Miroslaw Rogala quitte sa Pologne natale pour s’installer aux États-Unis en 1979, où il poursuit ses recherches à l’Art Institute of Chicago. Nourri par ce nouvel environnement, le jeune homme fait évoluer ses installations en véritables expériences à 360° – au sein desquelles se mêlent vidéo, son et interactivité -, et explore les relations entre l’homme, la technologie et l’environnement urbain.

Exposé dans des institutions prestigieuses, comme le Museum of Contemporary Art de Chicago, le ZKM de Karlsruhe et la Biennale de São Paulo, son travail inaugure le début d’une réflexion qui en est encore à ses balbutiements dans les années 1980. Résumons-là ainsi : de quelle manière la technologie pourra-t-elle influencer notre identité humaine et, plus largement, notre environnement ? Visionnaire, Miroslaw Rogala anticipe ici les questionnements contemporains sur la place du numérique dans nos sociétés. 

Dessin réalisé informatiquement.
IMPULSIONS : Sans titre Blanc 3 (1981) ©Miroslaw Rogala
Dessin réalisé informatiquement.
RYTHMES : Genesis Embrace 1 (1982) ©Miroslaw Rogala

Une rétrospective parisienne

Cette position d’avant-gardiste se confirme aujourd’hui avec l’exposition Entropic City, présentée à la galerie parisienne Artverse, qui revient sur quatre décennies de création, sans lesquelles nombre d’artistes contemporains ne pourraient exister aujourd’hui. Curatée par Carine Asscher, cette rétrospective met en dialogue ses premiers travaux avec ses créations numériques récentes, proposant une frise complète de l’évolution de l’art numérique. 

L’occasion pour la galerie de réunir quelques pièces phares, parmi lesquelles The Rhythms, une série de 100 dessins réalisés en 1982 à l’aide de traceurs informatiques (plotters), témoins de ses premières explorations du langage algorithmique. Longtemps oubliés – peut-être même un peu restés dans l’ombre de son contemporain Nam June Paik -, ces travaux permettent aujourd’hui de réaliser tout le chemin parcouru par les artistes des nouveaux médias. Toujours actif, Miroslaw Rogala s’est ainsi récemment essayé au phygital, combinant œuvres physiques, projections numériques et certificats NFT. Comme quoi, le septuagénaire en a encore sous la pédale, et ne compte pas se laisser dépasser par la nouvelle génération.

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