De la lumière en mouvement à la résonance sonore, en passant par des récits mythologiques, ces créations plongent le spectateur dans des univers sensoriels inédits. À l’occasion de la Biennale de Lyon, zoom sur cinq œuvres à découvrir pour ce qu’elles racontent de notre rapport au monde digital.
Dans un monde où les frontières entre l’art et la technologie s’effacent, les œuvres numériques prennent de plus en plus de place dans les programmations d’art contemporain. Longtemps boudées par les institutions, elles s’immiscent aujourd’hui dans des événements d’envergure, à l’image de cette dernière édition de la Biennale de Lyon, qui fait la part belle aux jeunes créateurs incorporant la technologie au sein de leurs travaux artistiques. Petit tour d’horizon.
À la recherche du fruit ligneux, aux confluences des eaux – Shivay La Multiple
Rencontrée il y a quelques semaines, Shivay La Multiple invite ici à plonger dans un monde où les limites entre l’humain, la nature, et l’intelligence artificielle s’effacent en toute discrétion. Pour l’artiste, qui dit être établi.e entre « Paris, Nouméa et la sphère numérique », il s’agit ici d’explorer l’idée de la multiplicité des identités et des dimensions, à travers un dispositif immersif qui mêle lumière, image et son. Les visiteurs sont ainsi appelés à naviguer dans un espace où l’identité individuelle est constamment remise en question, évoluant au fil des interactions avec l’environnement numérique. Une expérience à la fois méditative et déstabilisante, qui ouvre une réflexion profonde sur notre place au sein du monde numérique.
The Cave – Resonance Project – Oliver Beer
À travers The Cave, Oliver Beer transforme l’espace en un immense instrument de musique résonnant avec l’architecture elle-même. En utilisant des techniques d’acoustique avancées, l’artiste britannique capte et amplifie les sons naturels d’une grotte, les explore et les transforme en une composition vibrante, comme pour accentuer au mieux via ce projet immersif la relation entre le son, l’espace, et la perception humaine. La beauté du geste d’Oliver Beer réside également dans son ambition. L’expérience de The Cave ne se limite pas ici à l’auditif, elle propose un voyage sensoriel où les vibrations sonores semblent habiter l’espace, résonnant à travers chaque fibre de votre être.
Lignes de Lumière – Michel de Broin & Mortier Fati
Lignes de Lumière est une installation lumineuse interactive, conçue pour réagir aux mouvements des spectateurs. Traduction : des lignes d’énergie lumineuse dessinent des motifs éphémères dans l’air, créant des figures abstraites et dynamiques. Sur le fond, cette œuvre des artistes Michel de Broin et Mortier Fati entend questionner l’interaction humaine avec la technologie et la manière dont nous percevons le monde à travers le prisme de la lumière et du mouvement. Mission réussie !
Amoxtli – Vir Andres Hera
L’œuvre de Vir Andres Hera, Amoxtli, est un récit visuel et sonore qui puise ses racines dans la mythologie mésoaméricaine. En résulte un projet multimédia (animations numériques, projections vidéo, bandes sonores), une expérience envoûtante qui invite le spectateur à explorer des paysages narratifs mystérieux. À chaque instant, l’artiste mexicain, 34 ans, passé par Le Fresnoy, interroge les notions de mémoire et d’histoire à travers des récits souvent oubliés, tout en évoquant des questions de patrimoine culturel et d’identité collective. Ou comment transformer l’espace en une toile vivante, où passé et présent se rencontrent le temps d’une danse poétique.
Happening – Ana Fernandes
On le savait déjà, elle le confirme aujourd’hui : Ana Fernandes bouleverse les conventions de la performance en fusionnant happening et art numérique dans une mise en scène interactive où le public devient partie intégrante de l’œuvre. Dans cette pièce, les visiteurs déclenchent des réactions en chaîne grâce à leurs propres mouvements, modifiant les projections vidéo et les sons en temps réel. Une fois encore, il s’agit de réfléchir à l’engagement du spectateur, à son possible rôle de co-créateur. Une fois encore, il est question de la transformation d’une œuvre en temps réel. Une fois encore, Ana Fernandes signe une performance intensément immersive.
- Biennale de Lyon, jusqu’au 05.01.25, Lyon.