Book Club : « Coder le monde », de Frédéric Migayrou

Book Club : "Coder le monde", de Frédéric Migayrou

Avant de s’imposer dans les musées, l’art numérique trouve sa source dans les bibliothèques. « Book Club » revient sur ces livres essentiels des mouvements créatifs explorant les liens avec les nouvelles technologies. IA, métavers, réalité augmentée… Ces auteurs traitent de tout ! Aujourd’hui, focus sur « Coder le monde », publié dans le cadre du cycle Mutations-Création et de l’exposition éponyme présentée au Centre Pompidou. Laquelle, en 2018, revenait sur l’histoire du code numérique et la manière dont les artistes s’en sont emparés depuis l’avènement de l’ordinateur dans les années 1960.

L’auteur

Réalisé sous la direction de Frédéric Migayrou, l’ouvrage Coder le monde méritait bien que l’on s’arrête un instant sur son contributeur principal ! Né en 1962, Frédéric Migayrou s’oriente tout d’abord vers des études de philosophie avant de se tourner vers le monde de l’art. À la fois critique d’art et d’architecture et conservateur, le penseur français a notamment été commissaire de la participation française à la Mostra de Venise en 1996 et directeur adjoint du musée national d’Art moderne du Centre Pompidou entre 2000 et 2020. Membre de l’Académie des Beaux-Arts depuis 2006, cet érudit de la création contemporaine était donc le candidat parfait pour mener une telle étude et superviser les nombreux essais qui composent l’ouvrage piloté par le Centre Pompidou.

Le pitch

Au cœur de notre ère du numérique, le code est roi. Régissant la moindre action informatique, le moindre algorithme, le moindre logiciel, le code s’est également révélé être un outil de choix pour les artistes curieux des années 1960, et les générations qui leur ont succédé. Imaginé par Frédéric Migayrou et agrémenté d’essais de Moreno Andreatta, Emmanuel Cyriaque, Camille Lenglois ou encore Olivier Zeitoun, Coder le monde présente en près de 280 pages un état de la création digitale contemporaine dans différentes disciplines et montre l’importance du code dans l’art, mais aussi dans la musique, dans l’écriture ou l’architecture. Une histoire et un panel de disciplines variées que les auteurs rassemblent en six chapitres : « Nombre, codes, programmes » ; « Algoristes » ; « Littérature » ; « Architecture et design » ; « Corps, code » ; « Musique ». 

En écho aux problématiques développées au sein de l’exposition Coder le monde, la mise en forme et la production de cet ouvrage – signée Élise et Kévin Donnot (E+K) – ont été intégralement réalisées avec des langages de programmation libres, issus du Web : PHP, HTML, CSS et JavaScript. L’ensemble des textes ont ainsi été enrichis de métadonnées permettant à un ordinateur d’identifier les personnes, œuvres, publications, expositions, langages et logiciels cités. 

Installation où des transats sont posés face à un écran au sein duquel un algorithme tente de prédire les futures tendances artistiques.
Predictive Art Bot, 2017 ©Disnovation.org (Romain Maigret & Maria Roszkowska)

Notre avis

Plus commune qu’il n’y paraît, l’association code/création connaît enfin son ouvrage référence ! Il faut dire que l’histoire est récente, à peine plus de 60 ans nous séparent des premiers artistes ayant fait du code un outil à part entière. Depuis, le nombre de concernés n’a toutefois cessé de croître, peu importe le domaine de création. Invisible, mais pourtant omniprésent, le code est bel et bien essentiel au développement d’une Histoire de l’art contemporaine. On le comprend aisément à la lecture de Coder le monde, agrémenté d’une frise chronologique complète et d’une collection de mini portraits d’artistes (MVRDV, Michael Noll, Herbert W. Franke, EZCT, Nicolas Maigret), pionniers du computer art.

En 272 pages, cet ouvrage se reçoit donc comme une belle prolongation à une exposition emblématique du Centre Pompidou, permettant à celles et ceux l’ayant vu d’approfondir leurs connaissances et aux autres de se plonger avec sérieux dans un art algorithmique, certes, mais jamais codifié.

À lire aussi
Book club : Glitch Feminism: A Manifesto de Legacy Russell
Book club : Glitch Feminism: A Manifesto de Legacy Russell
Avant de s’imposer dans les musées, l’art numérique trouve sa source dans les bibliothèques. « Book Club » revient sur ces livres…
20 juin 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Book club : « Manifesto for Cyborgs » de Donna Haraway
Book club : « Manifesto for Cyborgs » de Donna Haraway
Avant de s’imposer dans les musées, l’art numérique trouve sa source dans les bibliothèques. « Book Club » revient sur ces livres…
23 mai 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Book club : "Le Samouraï virtuel" de Neal Stephenson
Book club : « Le Samouraï virtuel » de Neal Stephenson
Avant de s’imposer dans les musées, l’art numérique trouve sa source dans les bibliothèques. « Book Club » revient sur ces livres…
19 avril 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Explorez
Oracle Museum : les visions dystopiques d’Hugo Laporte et de Katja Novistskova
“Echoes Of Sovereign”, d'Hugo Laporte, Carré d'Art - Musée d'art contemporain de Nîmes ©Jean-Christophe Lett
Oracle Museum : les visions dystopiques d’Hugo Laporte et de Katja Novistskova
Face aux théories complotistes d’Elon Musk, proche de Donald Trump, le futur semble aussi inquiétant que loufoque. Katja Novitskova et...
06 septembre 2024   •  
Écrit par Alexandre Parodi
Avec Jack Latham, dans les coulisses des fermes à clics
Extrait du livre “Beggar's Honey”, 2023 ©Jack Latham
Avec Jack Latham, dans les coulisses des fermes à clics
Plus un contenu obtient de clics, plus il est recommandé par les algorithmes. Si bien qu'il n’est guère difficile aujourd'hui d’obtenir...
05 septembre 2024   •  
Écrit par Alexandre Parodi
ENO, un film génératif qui n’est jamais deux fois le même
“ENO”, de Gary Hustwit, Mutek 2024 ©Vivien Gaumand
ENO, un film génératif qui n’est jamais deux fois le même
Pour son 25e anniversaire, l’édition 2024 de MUTEK Montréal mettait les petits plats dans les grands avec notamment la première mondiale...
03 septembre 2024   •  
Écrit par Adrien Cornelissen
Une brève histoire des relations entre l'art et les jeux vidéo (2/6): 1997, Premier machinima de l’artiste Miltos Manetas
“Super Mario Sleeping” ©Miltos Manetas
Une brève histoire des relations entre l’art et les jeux vidéo (2/6): 1997, Premier machinima de l’artiste Miltos Manetas
Dans cette nouvelle série, Fisheye Immersive tente de faire taire les mauvaises langues : non, l’art et les jeux vidéos ne sont pas si...
29 août 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Nos derniers articles
Voir tous les articles
À Séoul, cette expo dévoile les dernières innovations de l'art numérique
Installation_Showcase, by Studio Kat Austen
À Séoul, cette expo dévoile les dernières innovations de l’art numérique
En septembre, la capitale sud-coréenne réunit une pléiade de galeries internationales afin de présenter la fine fleur de l’art...
07 septembre 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Oracle Museum : les visions dystopiques d’Hugo Laporte et de Katja Novistskova
“Echoes Of Sovereign”, d'Hugo Laporte, Carré d'Art - Musée d'art contemporain de Nîmes ©Jean-Christophe Lett
Oracle Museum : les visions dystopiques d’Hugo Laporte et de Katja Novistskova
Face aux théories complotistes d’Elon Musk, proche de Donald Trump, le futur semble aussi inquiétant que loufoque. Katja Novitskova et...
06 septembre 2024   •  
Écrit par Alexandre Parodi
L'Artefact AI Film Festival ouvre son appel à projets
©Artefact AI Film Festival, 2024.
L’Artefact AI Film Festival ouvre son appel à projets
Artefact, leader mondial de l'IA, et mk2, premier réseau de cinémas d'art et d'essai en France, invitent les cinéastes du monde entier à...
06 septembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Avec Jack Latham, dans les coulisses des fermes à clics
Extrait du livre “Beggar's Honey”, 2023 ©Jack Latham
Avec Jack Latham, dans les coulisses des fermes à clics
Plus un contenu obtient de clics, plus il est recommandé par les algorithmes. Si bien qu'il n’est guère difficile aujourd'hui d’obtenir...
05 septembre 2024   •  
Écrit par Alexandre Parodi