Avant de s’imposer dans les musées, l’art numérique trouve sa source dans les bibliothèques. « Book Club » revient sur ces livres fondateurs des mouvements créatifs explorant les liens avec les nouvelles technologies. IA, métavers, réalité augmentée… Ces auteurs avaient déjà tout prévu ! Aujourd’hui, Fisheye Immersive s’intéresse à l’ouvrage TechGnosis, mythe, magie et mysticisme à l’ère de l’information d’Erik Davis, publié en 1998, classique culte des études sur les médias qui explore les relations entre les domaines du numérique et du spirituel.
L’auteur
Né à Redwood City, en Californie, en 1967, Erik Davis ne quitte pas la côte ouest américaine avant de rejoindre les bancs de la prestigieuse Université de Yale dans les années 1980, où son goût pour l’écriture ne fera que s’accroître. Diplômé mention très bien en Anglais, il rédige une thèse portant sur l’écrivain de science-fiction Philip K. Dick, dont le travail ne cesse de l’inspirer. Parallèlement, l’auteur écrit pour Nadine, le magazine du campus, et Village Voice, où il s’essaie à la critique musicale.
C’est à travers la presse que naissent les prémices de son ouvrage clé, TechGnosis : mythes, Magie et Mysticisme dans l’ère de l’Information, qu’il finit par publier en 1998 chez Harmony Books, avant d’être réédité en format de poche par Serpent’s Tail en 2004 avec une nouvelle postface. Durant toute sa carrière, Erik Davis oscille entre études de la religion et des nouvelles technologies et critiques musicales. En 2005, il publie notamment son deuxième livre, Led Zeppelin IV, une monographie de l’un des plus célèbres groupes de rock. Un an plus tard, il entame une collaboration avec le compositeur Mark Nichols dans la conception d’un opéra-rock dont l’histoire s’inspire du festival Burning Man, qui réunit tout ce qu’aime Davis : monde post-apocalyptique, spiritualité et, bien sûr, musique !
Le pitch
« Comment notre fascination pour la technologie se croise-t-elle avec l’imagination religieuse ? » Dans TechGnosis, Erik Davies ose le rapprochement entre domaines du numérique et spiritualité : deux mondes a priori totalement opposés et qui, pourtant, permettent à l’auteur d’offrir une analyse inédite de la technologie.
Chaque chapitre porte ainsi sur un jeu de miroir entre des thématiques on-ne-peut-plus éloignées. Electricité et alchimie, jeux de rôle en ligne et pratiques spirituelles, réalité virtuelle et mythologie gnostique, langages de programmation et Kabbale… Le style est empreint du passé de journaliste de Davis, qui parle d’ésotérisme de la façon la plus profane possible. C’est précisément ce ton, didactique, éclairant, qui permet aux lecteurs d’intégrer des analyses pourtant complexes du monde spirituel et du monde technologique.
L’avis
Cultissime – dernièrement, on l’a vu traîner dans les ateliers de divers artistes, dont Lou Fauroux -, l’ouvrage de Davis reste délicieusement daté, réveillant l’âme nostalgique des jeunes des années 1990. Rédigé à une époque où les fantasmes d’ascension spirituelle cohabitaient avec une projection techno-futuriste aujourd’hui perçue comme presque kitsch, TechGnosis réussit à créer des ponts inattendus, tout comme les artistes s’attèlent à le faire aujourd’hui, le tout dans une esthétique textuelle particulière, que l’on ne peut qu’aimer ou détester. Nous, on a choisi d’adorer !