Connu pour ses documentaires engagés, le photographe et cinéaste Richard Mosse signe une nouvelle installation vidéo, un cri d’alarme urgent sur la destruction en cours de la forêt amazonienne.
Longtemps appelée le « poumon vert de la Terre », la forêt amazonienne souffre aujourd’hui d’un terrible mal : l’Homme. Sujet à une déforestation catastrophique, l’immense jungle a déjà été amputée de 17% de son territoire. Selon les recherches des scientifiques Carlos Nobre et Thomas Lovejoy, si 20 à 25% de l’Amazonie venait à disparaître, tout son écosystème s’effondrerait. Il est donc plus que temps de mettre en lumière ce triste massacre, dans l’espoir, peut-être, de faire bouger les choses. Activistes, chercheurs, mais aussi artistes prennent en tout cas cette problématique à bras le corps et tentent, à leur échelle, de sensibiliser à cette question écologique fondamentale.
Éveiller les consciences
C’est notamment le cas de l’artiste pluridisciplinaire irlandais Richard Mosse, qui n’en est pas à sa première dénonciation. On se souvient notamment de ses paysages en teintes rouges et roses de la série Infra (2010) qui présentait la guerre civile en République démocratique du Congo, ou de ses oeuvres The Castle (2017) et Incoming (2018) qui se penchaient sur les flux migratoires capturés à l’aide de caméras thermiques militaires.
Aujourd’hui, Mosse s’attaque à la question amazonienne, dans une installation vidéo monumentale présentée jusqu’au 25 février à Photo Elysée, l’un des plus beaux musées de Lausanne. Résultant de trois années de tournage, Broken Spectre plonge au cœur de l’Amazonie brésilienne et restitue, grâce à divers effets cinématographiques, l’ampleur et l’organisation de la destruction de l’environnement. D’une durée de 74 minutes, ce voyage immersif oscille entre récits écologiques, topographiques et anthropocentriques, témoignant à chaque instant de la violence humaine à l’égard de cette riche nature.
Jouant avec les échelles, l’artiste alterne images microscopiques fluorescentes à l’encre, scènes infrarouges monochromes et vues aériennes spectaculaires mettant en lumière le contraste entre forêts luxuriantes et vastes étendues désertes. Rappelons également que ce long métrage, accompagné de tirages photographiques expérimentaux, a vu le jour la veille des élections brésiliennes ayant placé Jair Bolsonaro à la tête du pays, probablement synonyme d’un avenir funeste pour l’Amazonie. Puissant.