Considéré comme le summum de la dématérialisation de nos existences, le metavers investit aussi le champ de l’art. Quel genre d’alternative, souhaitable ou non, propose-t-il aux musées ?
À quoi le métavers doit-il ce titre de meilleur ennemi des lieux d’art traditionnels ? Probablement à cette réputation qu’il semble s’être taillé à l’époque du confinement quand, incapables d’ouvrir leurs portes, les musées ont lancé tous azimuts des offres digitales et que ce sont multipliés en parallèle de nouvelles galeries virtuelles n’ayant aucune existence physique.
Problème, le bilan de ces applications s’est malheureusement révélé mitigé. D’autant qu’à l’heure de la réouverture, les taux de fréquentation des lieux restaient en berne… Tout l’inverse, en somme, du métavers et de la hype incroyable dont il semble jouir. Aujourd’hui, où en est-on ?
Musées : en métavers et contre tout ?
Pour Maud Franca, directrice adjointe du programme des investissements d’avenir en charge de l’économie numérique au groupe Caisse des dépôts, les musées auraient tord de se priver de ces innovations. En effet, si leur but est d’oeuvrer à une meilleure visibilité et ouverture de la culture, le métavers peut aller dans leur sens. Lieux physiques et espaces virtuels ne sont pas deux choses qui s’opposent mais, plutôt, se complètent.
« Il y a beaucoup d’opportunisme dans les projets sur le metavers que nous recevons. Ce qui importe c’est que la technologie soit au service d’un projet artistique et non l’inverse » avertit Maud Franca, interrogée par Le Quotidien de l’art. Les musées auraient donc, dans un sens, raison de se méfier, même s’il convient de laisser de côté ces a priori sur la perte de contact et de fréquentation entretenus autour du métavers, pour mener une réflexion réelle, fouillée et concertée sur le bien-fondé et le sens des projets dans lesquels il s’agit d’orienter les investissements.
L’un des projets cités en exemple, l’African Museum of the Metaverse (AMM) s’est pour sa part démarqué en s’adaptant à la réalité diasporique des populations africaines et l’éclatement de leur patrimoine dans les anciennes puissances coloniales. Le métavers est ainsi une piste pour leur redonner accès à des biens culturels spoliés et les aborder depuis un point de vue non-occidental. Comme quoi, le métavers peut être un modèle inspirant, et déclinable à l’infini pour tout un ensemble d’enjeux communautaires !