Présenté jusqu’au 13 janvier à La Traverse d’Alfortville, l’événement s’adjoint les services de Grégory Chatonsky, Inès Alpha ou Émilie Brout & Maxime Marion, et revient sur les dizaines de fragments de notre personnalité que nous mettons en scène quotidiennement.
Baroudeur sur Instagram, CEO sur LinkedIn, parent dévoué sur Facebook, introverti au bureau, extraverti au resto… À l’ère des réseaux sociaux, multiples sont les costumes que nous enfilons pour dévoiler au monde les facettes les plus avantageuses de notre personnalité. Des échantillons de nous-mêmes, pourrait-on dire, qui intéressent tout particulièrement Dominique Moulon, curateur d’une exposition se déroulant actuellement à La Traverse.
Jusqu’au 13 janvier, Échantillons de soi invite en effet sept artistes à explorer la question de ces multiples caractères, notamment en ligne, où l’on « apparaît sous de multiples formes, quand ce n’est pas au travers de multiples identités, souligne le commissaire parisien dans le communiqué de presse. Les artistes de l’exposition pratiquent d’incessants va-et-vient entre sphère privée et monde de l’art autant qu’entre l’espace du réel et celui du virtuel. Or, c’est dans l’entre-deux qu’émergent leurs créations dont les propos et les formes dialoguent. »
« Je » est un autre
Développée dans le cadre de la Biennale Némo, l’exposition présente ainsi des œuvres éclectiques, aux formes et médiums divers. Certaines prennent cette thématique au pied de la lettre, à l’image de la série Les Ambitieux de Renaud Auguste-Dormeuil, qui procède à un échantillonnage de chaque cliché grâce au découpage, si bien que l’on ne reconnaît plus le sujet d’origine.
D’autres, à l’inverse, prennent le pli d’une réponse plus conceptuelle, Dasha Ilina s’intéressant via l’installation Do Humans Dream Of Online Connection ? à notre dépendance au monde virtuel en imaginant un oreiller brodé d’un smartphone pour souligner l’attachement que nous éprouvons à nos réseaux, tandis que Grégory Chatonsky s’amuse de la représentation de soi avec His Story, une série de « vrais-faux » portraits générés par l’intelligence artificielle.
Le Franco-Canadien n’est pas le seul artiste à manier l’IA – c’est également le cas de Fabien Zocco avec l’installation Dislessia -, mais Échantillons de soi ne peut être limitée à cette technologie. 3D, réalité augmentée (Inès Alpha), vidéo (Émilie Brout & Maxime Marion) : tous les supports sont finalement bons pour questionner ces habitudes que nous avons fini par intégrer, sans vraiment nous en rendre compte. Profitons donc de cette exposition pour prendre du recul, nécessaire et salvateur.