Qu’elles soient présentées au Centre Pompidou-Metz, à LUMA Arles ou à la galerie milanaise Spazio Maiocchi, un même constat s’impose : les vidéos de Sara Sadik ont agité le monde de l’art ces douze derniers mois. Au point de considérer l’artiste française, basée à Marseille, comme l’un des grands noms de l’art numérique à suivre en 2024 ? On y croit !
Aussi bien inspirée par l’univers des jeux vidéo que du rap français ou des films de science-fiction, l’œuvre de Sara Sadik est aussi protéiforme que politique, véritable miroir sans filtre de ce qu’est la jeunesse des quartiers populaires issue de la diaspora maghrébine, bien loin des stéréotypes perpétuellement véhiculés par les médias français. En faisant le choix de ne pas faire de choix, cette touche-à-tout de 29 ans mêle vidéo, performance, installation et photographie, toujours dans cette mouvance qu’elle a un temps nommé « beurcore », précisément dans l’idée de célébrer celles et ceux que les musées ne mettent pas toujours en avant.
Langage post-Internet
Entre esthétiques Y2K et futuriste, Sara Sadik propose des odyssées numériques captivantes où l’on suit des avatars inspirés de son entourage afin d’explorer tout un spectre d’émotions, de l’anxiété la plus puissante à la quête de sérénité ultime : des mythologies contemporaines où les héros troyens sont remplacés par les deux frères de PNL, où les toges d’Ulysses deviennent des maillots de l’OM ou des survêtements Kalenji, et où l’ambroisie des Dieux se transforme en Capri Sun.
Si cet ancrage populaire, hautement salvateur, se veut encore rare au sein de l’art numérique, force est de constater que Sara Sadik, diplômée en 2018 des Beaux-Arts de Bordeaux, est en train de changer la donne : exposée à la Biennale Manifesta 13 (Marseille), à la Wallach Gallery de l’Université de Colombia (New-York) ou encore à la Galerie Crèvecoeur (Paris), la Française a encore franchi un cap cette année en étant présente dans différents évènements de grande envergure : Worldbuilding : jeux vidéo et art à l‘ère digitale au Centre Pompidou-Metz, XENON PALACE à LUMA Arles et, actuellement, à la galerie Spazio Maiocchi, à Milan, dans le cadre d’un solo show où elle présente sa dernière vidéo, LA POTION, un voyage à travers les états d’anxiété, de mélancolie et de sérénité vécus par un personnage virtuel – l’Avatar Neregy – interprété par son mari, Émile Samory-Fofan.
Évidemment, on y retrouve son goût pour la science-fiction et son rapport aux jeux vidéo. Évidemment, il y est une nouvelle fois question de transformer une certaine forme de marginalité en une force poétique. Évidemment, c’est une réussite qui, indéniablement, fait de Sara Sadik l’artiste à suivre en 2024 !