En immersion dans le studio de Miguel Chevalier

En immersion dans le studio de Miguel Chevalier

Miguel Chevalier, pointure de l’art virtuel et numérique, nous a ouvert les portes de son atelier. Situé en plein coeur d’Ivry, celui-ci regorge d’histoires et dévoile les secrets d’un artiste y travaillant depuis plus de vingt ans auprès de ses collaborateurs.

Au cœur d’Ivry, dans une ruelle quasiment invisible pour ceux qui ne la cherchent pas, se cache l’atelier de Miguel Chevalier, reconnu comme l’un des pionniers de l’art virtuel et du numérique. La grande façade rouge créée par l’artiste annonce la couleur : composée de pixels – un des éléments phares de ses œuvres -, cette devanture s’impose dans le décor et s’observe comme une formidable porte d’entrée vers son univers.

Une fois à l’intérieur, il ne faut d’ailleurs que quelques pas pour découvrir le travail de Miguel Chevalier, dont les œuvres disposées ça et là interpellent illico le regard. Qu’importe qu’elles soient imprimées en 3D ou qu’elles défilent sur un écran, il s’agit là d’une véritable exposition pour les visiteurs de passage. Pour Miguel Chevalier, en revanche, la présence de ces différents travaux s’explique autrement : c’est juste qu’ils attendent que leur créateur en vente les mérites auprès d’éventuels acheteurs, qu’il s’agisse d’institutions publiques, privées ou encore de particuliers.

© Miguel Chevalier
© Miguel Chevalier


Il ne faut pas beaucoup plus de temps pour comprendre qui est réellement Miguel Chevalier : un bourreau de travail, incapable de s’arrêter, toujours une idée en tête, l’esprit perpétuellement en ébullition. On tient pour preuve l’appel téléphonique qu’il vient de passer, en lien avec l’organisation d’évènements prévus pour 2024, mais aussi toutes ces œuvres entreposées dans chaque coin. L’atelier a beau avoir été « rangé un peu avant » notre arrivée, tout laisse à penser que ce dernier abrite un artiste à l’appétit créatif impossible à rassasier. Il faut dire que Miguel Chevalier travaille ici depuis plus de vingt ans. Suffisamment longtemps, donc, pour y entasser un tas de projets. Dans le hangar, par exemple, on trouve autant d’anciennes œuvres suspendues au mur ou stockées dans des boites que d’autres, plus récentes, inachevées ou tout simplement encore inconnues du grand public.

Au sein de cet espace, la pièce maîtresse reste cet immense écran où des œuvres génératives – algorithmes souvent inspirés de la nature où l’art va se créer « tout seul » autour de ce système – défilent en continu. « C’est ici que l’on effectue tous nos tests sur les œuvres avant qu’elles ne soient exposées. Cela permet de repérer s’il y a un défaut de conception, si la programmation qui a été faite en amont sur ordinateur est bonne », explique-t-il avant de s’arrêter devant l’une d’entre elles, exposées au fond du hangar – une table où sont projetés des visuels évoluant en fonction du mouvement du spectateur – : « Ah ben voilà, il y a un dysfonctionnement, nos mouvements ne sont pas bien suivis… Je pense que cela doit être l’éclairage. On l’a sortie juste avant pour vous la montrer, les réglages ne doivent pas être parfaits », analyse-t-il, l’œil expert.

© Miguel Chevalier
© Miguel Chevalier

Alors que l’écran géant continu de faire défiler les œuvres de Miguel Chevalier, celui-ci se rend dans une petite pièce au fond de l’entrepôt. Au centre, une machine qui semble ne jamais s’arrêter. L’artiste y explore un nouveau système à l’aide d’une ancienne scieuse transformée en une sorte d’imprimante : « J’expérimente une nouveauté, mais c’est encore en phase de test : le papier, l’encre, le crayon utilisé, tout est important », explique-t-il, tout en montrant quelques feuilles déchirées n’ayant pas résisté à la mine d’un précédent stylo.

En réalité cette partie de test, bien que constituant une phase importante du processus de création, n’est qu’une étape. Il faut se rendre à l’étage de l’atelier pour découvrir l’une des pièces clés de la conception. Organisée en open space, l’endroit accueille les deux plus proches collaborateurs de Miguel Chevalier, tout en laissant suffisamment de place pour solliciter l’aide de temps à autres d’autres spécialistes, notamment des informaticiens capables de générer les programmes de conception essentiels à son art.

Digital Cosmologies ©Miguel Chevalier

Avant d’en arriver à un tel stade de la création, il y a tout un travail de recherche et d’expérimentation pour donner vie à l’imaginaire de l’artiste. Ce qui explique en grande partie pourquoi Miguel Chevalier passe le plus clair de son temps dans cet atelier, dans cet endroit si spécial qui lui permet, depuis plus de deux décennies, de laisser exprimer toutes ses envies créatives.

Tout au long de l’année, le Français vogue également par vents et marées, multipliant les déplacements dans le monde entier – au minimum, deux fois par mois. On comprend alors que son agenda est bien rempli, et que son temps est donc compté. D’ailleurs, l’artiste doit nous quitter : un appel important, dans le cadre des Jeux Olympique 2024, requiert désormais toute son attention. Il ne fait ainsi aucun doute que la petite pause prévue cet été, le temps de quelques jours de vacances bien mérités, risque de sembler bien courte au vu du programme qui l’attend ces prochains mois.

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