Suite à la publication d’un rapport de l’Arcom, des questions se posent quant à l’impact environnemental des œuvres digitales. Comment agir pour continuer de créer numériquement tout en réduisant son empreinte carbone ?
Le couperet est tombé, et il fait mal. L’Autorité de régularisation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a récemment publié un rapport sur l’impact environnemental croissant des contenus audiovisuels, et son contenu est sans appel : l’empreinte du numérique sur la planète représente plus de 4% des émissions de gaz à effets de serre. Autant dire des millions de tonnes d’équivalent CO2, qui devraient augmenter de 50% d’ici 2030, et tripler d’ici 2050.
Cependant, l’Arcom ne fait pas le distingo entre les différentes productions audiovisuelles, son estimation comprenant aussi bien le streaming (dont provient la moitié du trafic) que les œuvres d’art. Si l’héritier du CSA et de Hadopi suggère aux plateformes de baisser leur poids en pixels – et donc la qualité des images -, comment appliquer ces mesures à des œuvres d’art, donc le pixel est justement partie intégrante de leur matérialité ?
Les NFT, les bons élèves ?
Concernant les NFT, l’effort viendra probablement des blockchains, qui sont elles-mêmes très énergivores. À ce titre, précisons que la blockchain Ethereum, par laquelle transitent la majorité des œuvres d’art digital, a déjà commencé sa mutation verte : baptisée « The Merge », cette opération lancée en septembre 2022, se base sur l’algorithme PoS, moins énergivore, plus engageant pour ses utilisateurs, et offrant des possibilités de transaction beaucoup plus rapides et à moindre coût. En utilisant le protocole PoS, la consommation d’énergie de la blockchain pourrait ainsi être réduite de 99,95%.
Autre initiative : la mise en place, depuis 2020, d’un « Crypto Climate Accord » afin de fixer des objectifs en termes d’économie d’énergie, de la transition vers les énergies renouvelables d’ici 2030 pour toutes les blockchains à la possibilité d’atteindre une empreinte carbone réduite à zéro d’ici l’année 2040. Jack Dorsey, cofondateur de Twitter et PDG de Square, a également annoncé le lancement d’un fonds de 10 millions de dollars pour les entreprises qui chercheront à rendre le minage du Bitcoin plus écologique.
En France, les choses bougent aussi afin d’assurer un avenir plus vert à la création numérique. La plateforme de financement participatif uTip compte ainsi lancer des NFT via le site Kalart, utilisant la blockchain Polygon, connue pour avoir une empreinte écologique extrêmement faible – en tout cas, nettement plus Bitcoin ou Ethereum. Des efforts sont donc engagés. Suffiront-ils à faire corps avec l’urgence climatique et à limiter l’impact global de la création numérique ? Seul le temps nous le dira.