Retour sur un week-end passé sous le Planétarium de la Cité des Sciences, à Paris, où tout semblait possible : voir des tonnes de films à 360°, voyager au Groenland et même danser avec les étoiles.
Installée au cœur du Planétarium de la Cité des Sciences, la troisième édition du Festival Sous Dôme a rassemblé du 21 au 23 mars un joli panel d’acteurs de l’art numérique, ainsi que des centaines de curieux désireux de vivre l’expérience visuelle de la projection sur un plafond sphérique. Une rareté à Paris. « On vient parce qu’on n’a jamais fait ça, nous confie une mère de famille accompagnée de ses deux enfants alors que nous faisons la queue pour entrer. J’avoue que je ne sais pas à quoi m’attendre ! Mais j’espère que ça va être cool ! ».
Une programmation dense
Samedi 22 mars 2025. Dans la file d’attente, nous nous impatientons également de découvrir les projections 360° issues d’un appel à films lancé en novembre par la Cité des Sciences. Seule condition : ne pas excéder les 12 minutes (générique compris) capables d’être projetées sous le dôme. Parmi les cinq films internationaux sélectionnés par l’artiste et curateur Jérémy Oury et l’agence 36 degrés, un nous interpelle tout particulièrement : Across the Lake/Kòe Ô͘b. Co-production franco-taïwanaise de Sandrine Deumier et Cia Himiân Lí, l’œuvre se veut une immersion dans un paysage pensé comme une partition mnémotechnique. Par un jeu d’association mentale, la vidéo joue sur la perception. Et interroge : comment, d’un simple changement de point de vue, notre souvenir d’un même voyage peut-il évoluer ? Jouant avec le son, Across the Lake/Kòe Ô͘b nous permet de tout rebooter – notre conscience, notre vision, nos constructions mentales – selon une mise en scène réellement impressionnante.
Moins d’une heure plus tard, c’est au tour des étudiants de l’école Estienne de Paris et de l’Université des arts de Berlin de relever le même défi. Au programme ? Douze films expérimentaux, et tout autant de points de vue différents : on passe ici du conceptuel à la 3D, de la VR à l’animation, et, semble-t-il, un peu du coq à l’âne. Difficiles à appréhender, certaines oeuvres laissent malheureusement de marbre un public qui semble chercher des points de repères au sein d’une programmation relativement pointue. « Moi aussi je pensais qu’on verrait les étoiles », lâche une maman, visiblement désolée de lire la déception sur le visage de ses deux enfants…
Les voyages intérieurs
Heureusement, la journée n’est pas terminée. Sur le plateau du Planétarium, l’après-midi s’ouvre sur deux expériences en réalité virtuelle. L’une, développée par Algoriddim, permet d’entrer dans la peau d’un dessinateur virtuose et offre la possibilité de s’approprier différentes techniques et styles graphiques. Quant à la seconde, elle permet de se prendre pour un DJ de renom et de mixer une tonne de titres à l’aide d’un casque et d’une manette, dans un registre ludique qui semble davantage coller avec la dimension grand public d’un tel évènement.
Le lendemain, le festival propose de découvrir 22.7°C. The full Dome Experience, un film signé du musicien électronique Molécule, de Jan Kounen et d’Amaury La Burthe dans l’idée de glisser le spectateur dans la peau d’un explorateur. Après s’être déplacé pendant cinq semaines autour du village groenlandais de Tiilerilaaq, le DJ, habitué aux projets immersifs, a utilisé les sons de l’Arctique enregistrés durant ce voyage pour retranscrire l’ambiance de la nuit polaire, silencieuse et pourtant si vivante. Calqué sur des images saisissantes de l’extrême nord capturées à 360 degrés par trois spécialistes, 22.7°C plonge ainsi le public dans un univers glacial, fait d’étendues captivantes, et s’impose comme un véritable voyage, sensible et enivrant.
Un peu plus près des étoiles
Plus tard, ce sont Mehdi Shoboshobo, Stéphane Laporte et Roberto D’Alessandro qui invitent à parcourir le monde dans un spectacle audiovisuel unique. Plongés dans le noir, on se laisse porter par les faisceaux lumineux colorés qui ondulent au rythme de la musique, mais aussi par la beauté pure qui émane de l’expérience. Conçu comme un voyage dans une nuit étoilée, le show Fragor Caeli nous avait déjà marqué lors de sa présentation à la Cité des Sciences lors de la Nuit Blanche 2024. Ces trente minutes de poésie font de nouveau leur petit effet, et donnent envie de retrouver ces enfants déçus et de leur chuchoter : « C’est ça, voir les étoiles ! ». Les voir, certes, mais aussi les sentir et danser sur leurs rythmes éthérés.