En 2023, la Monnaie de Paris consacrait une exposition à L’argent dans l’art. Jusqu’au 5 janvier 2025, une exposition du Ashmolean Museum d’Oxford prolonge la même réflexion, élargissant cette fois-ci le sujet à la question de la bulle spéculative des NFTs. Lesquels, quoiqu’on en dise, ne cessent d’agiter les portefeuilles (virtuels ou non) des collectionneurs du monde entier.
Parler d’art de façon romantique a-t-il ses limites ? À l’évidence, oui, si l’on en croit les commissaires britanniques de Money Talks : Art, Society and Power, la grande exposition en cours au Ashmolean Museum d’Oxford : « De la cupidité et des préjugés à la plénitude et au bonheur, des lieux et des époques où l’argent a parlé le plus fort, les artistes ont longtemps exploré l’équilibre entre pouvoir et richesse. » Un tel constat atteint potentiellement son paroxysme avec l’explosion des NFTs au début de la décennie 2020. Au sein de la blockchain, certaines ventes dépassent alors les millions de dollars, liant ainsi intrinsèquement la création numérique vendue de façon virtuelle et les spéculations. Miser sur le succès d’un artiste équivaut dès à parier le cours de la bourse, si bien qu’une éternelle question refait surface : l’art ne serait-il qu’un business comme un autre ?
Peut-on exposer des NFTs sans parler d’argent ?
Jusqu’au 5 janvier 2025, l’exposition Money Talks : Art, Society and Power du musée anglais vise à « utiliser l’art comme une lentille pour l’histoire sociale de l’argent », explique son conservateur, le Dr Shailendra Bhandare. C’est aussi une manière de comprendre « la façon dont l’art et l’argent se rejoignent de différentes manières ». Quoi de plus logique, dès lors, que de consacrer l’un des espaces du parcours d’exposition à la question des NFTs, et notamment des CryptoPunks et des Rare Pepes ? Pour le conservateur, c’est même une évidence, les NFTs représentant selon lui « une étape très importante dans ce que l’on appelle une financiarisation de l’art.»
Si ces derniers ont déjà largement été exposés, jusqu’à être acquis par de grosses institutions tels que le Centre Pompidou, parler de leur valeur marchande offre en un sens un tout nouveau territoire d’exploration pour les commissaires, mais également pour les artistes. Certains créateurs embrassent en effet cette dimension spéculative, qu’ils assument et critiquent ouvertement. À l’image de Jon Rafman qui ironise dans sa vidéo animée GOT REKT ! en mettant en scène un homme pris au piège dans le marché des crypto-monnaies. Une œuvre bien évidemment vendue en NFT et, hasard ou non, exposée à la Monnaie de Paris en 2023. La boucle est bouclée.