Présentée au festival de cinéma de Tribeca, l’installation vidéo et sonore multi-écrans Embodied Simulation de Memo Akten et Katie Peyton Hofstadter associe danse, IA et neurosciences. Une alliance bienfaitrice qui réussit le tour de force d’exposer ce qui nous lie intrinsèquement à notre écosystème.
« C’est une chose de savoir intellectuellement que nous faisons partie d’un vaste réseau de vie interconnecté. Mais comment pouvons-nous ressentir cela et incarner cette connaissance ? » Cette question, les deux artistes Memo Atken et Katie Peyton Hofstadter se la sont posée au moment de réaliser Embodied Simulation, un court métrage de 20 minutes présenté dernièrement en première mondiale à l’occasion du prestigieux festival de cinéma américain, Tribeca.
En partant du principe que la danse est l’une de nos premières biotechnologies et l’une des premières sources de connexion aux autres, mais également au divin et à l’univers, les deux artistes font ici le lien avec le phénomène cognitif de « simulation incarnée » développé par le neuroscientifique Vittorio Gallese, qui veut qu’un observateur reflète inconsciemment les mouvements des autres : « Grâce à un état neuronal partagé réalisé dans deux corps différents qui obéissent néanmoins aux mêmes règles fonctionnelles, “l’autre objectif” devient “un autre soi” ».
Plaidoyer pour Dame Nature
Réfractaires à toutes formes de catégorisation, Memo Akten et Katie Peyton Hofstadter conjuguent ici intelligence artificielle et ML (apprentissage automatique), et créent une expérience immersive semblable à un spectacle de danse contemporaine, où des formes anthropomorphes se meuvent en plantes et autres incarnations du vivant. Loin d’être purement esthétique, Embodied Simulation montre ainsi de façon poétique que l’homme et la nature ne sont finalement pas si éloignés que l’on veut bien le croire : installés dans le cosmos, les danseurs deviennent ici des iris, des méduses ou des octopus dans un mouvement perpétuel, au son d’une mélodie éthérée. Un travail si onirique qu’on en oublierait presque la recherche neuroscientifique !