Intitulée Unsupervised, l’œuvre de l’artiste turco-américain Refik Anadol déchaîne les passions.
« C’est l’une des expositions les plus appréciées et les plus controversées de New York ». C’est par ces mots que le New Yorker décrit l’installation Unsupervised, première œuvre d’art tokenisée utilisant l’IA à faire son entrée dans la collection permanente du MoMA. Signée Refik Anadol, cette pièce s’inspire des œuvres du musée afin de produire une série d’images évolutives réinterprétant les grands chefs-d’œuvres du MoMA.
Nourrie d’un catalogue régulièrement agrémenté depuis plus de 200 ans, Unsupervised a depuis été exposée dans le hall du musée new-yorkais, qui s’est vu obligé d’en prolonger la présentation tant le public a manifesté son enthousiasme au sujet de l’œuvre imaginée par l’artiste turco-américain, très actif cette année, de Metz à Milan.
Les oeuvres numériques comme point de dialogue
Fidèle à son processus créatif, systématiquement redevable aux datas, souvent pluridisciplinaire, parfois un brin provocateur, Refik Anadol entend ici faire un joli pied de nez aux détracteurs qui pensent que l’IA n’est qu’un effet de mode. Sous la forme d’une œuvre vidéo de plus de 7 mètres de haut, Unsupervised a en effet permis d’ouvrir le débat sur le rôle de l’intelligence artificielle et des autres outils numériques dans la création contemporaine, suscitant des conversations pour le moins animées.
Car, si elle a été largement plébiscitée par les visiteurs du musée, quelques spécialistes ne l’ont particulièrement apprécié, à l’image du célèbre critique d’art Jerry Saltz qui a qualifié l’œuvre de « lampe à lave glorifiée » dans les colonnes du New York Magazine, ajoutant que l’installation n’est qu’un exemple de « flate-foule médiocre ». Un brin réactionnaire, le monde des critiques d’art ?
Effervescence crypto
Si, habituellement, il est impensable d’acquérir une pièce vue dans un musée, l’œuvre digitale de Refik Anadol dit tout le contraire, ouvrant au passage une réflexion supplémentaire sur l’accessibilité (intellectuelle et économique) de l’art. En effet, les visiteurs peuvent générer un NFT gratuit d’Unsupervised en scannant un QR code installé à proximité de l’installation. Un premier pas pour l’institution dans le monde du crypto-art, qui ne cesse actuellement de s’engouffrer dans la brèche de la blockchain. À titre d’exemple, citons également l’acquisition récente de 3FACE, une œuvre d’art générative de l’artiste contemporain américain Ian Cheng qui analyse les données du wallet des participants afin de créer des portraits visuels de leurs personnalités.
« Ces nouvelles initiatives soulignent l’engagement de longue date du MoMA à soutenir les artistes expérimentant les technologies émergentes pour élargir leur vocabulaire visuel et leur exploration créative, accroître l’impact de leur travail et nous aider à comprendre les changements qui se produisent dans le monde », a déclaré le musée. Sur le fond, c’est prometteur. On craint simplement les futures crises d’urticaires des grands critiques d’art à l’annonce des prochaines expositions du musée new-yorkais…