Déjà condamné à deux reprises, l’artiste français, connu pour son célèbre éléphant Babar décliné sous de multiples formes, a une nouvelle fois été reconnu coupable pour travail dissimulé et fraude fiscale suite à une action collective regroupant plus de 200 personnes.
« Le Warhol du NFT », selon Technikart. « Le Petit prince de l’art contemporain », à en croire M6. Ou encore père du « Babar des stars », d’après Geekinfluence. À première vue, Vincent Faudemer a tout du nouvel Orlinsky : un pedigree français qui séduit à l’international, un goût prononcé pour le bling-bling et… divers problèmes avec la justice. Seulement, là où son confrère n’a été que soupçonné de « blanchiment de fraude fiscale », le Caennais de 38 ans, lui, a bel et bien été reconnu coupable : le 27 juin dernier, le créateur de Babolex (un Babar rutilant affublé d’une Rolex) comparaissait devant le tribunal correctionnel de Caen pour « l’affaire Babolex ». Soit des sculptures clinquantes achetées en ligne et jamais livrées. Autre accusation ? « L’affaire AlienX », liée cette fois à la technologie NFT.
AlienX : la promesse d’une révolution vaine
« Aujourd’hui, près de 250 personnes se disent victimes d’escroquerie de Vincent Faudemer dans cette affaire, explique à nos confrères de France 3 Jean-Baptiste Boisseau, membre du Collectif Aide aux Victimes des Influenceurs (AVI) et cofondateur du site Signale Arnaque. Initialement, AlienX est un projet d’investissement. Un acheteur investissait dans les NFTs, et il y avait la promesse de voir son investissement grandir et prendre de la valeur grâce à un certain nombre de choses faites par l’entrepreneur, donc Vincent Faudemer. Il devait y avoir un jeu mis en place dans ce monde virtuel. Les gens devaient pouvoir jouer et gagner de l’argent. Grâce au jeu, mais aussi grâce à la valeur croissante des NFTs qu’ils avaient achetés ». Un ensemble de promesses visiblement jamais tenues par « l’art-repreneur », l’argent généré par Vincent Faudemer n’ayant visiblement jamais été investi dans le développement du projet.
Escroqueries en chaîne
Lancée en 2021, la collection AlienX rassemble 9 000 NFTs vendus 700 pièces et tous écoulés dans les deux heures qui ont suivi la mise en ligne. Un succès qui s’explique en partie par la notoriété du Normand, dont les plus grandes célébrités de la planète vantent les mérites. « C’était quelqu’un de connu du monde de l’art, qui était très médiatisé, je me suis dit qu’on pouvait lui faire confiance à 100 % », confie l’une des victimes à Numerama, avant d’être rejointe par un autre plaignant : « J’ai vu que c’était un artiste français. Il n’y avait que des articles positifs sur lui, il était passé à la télé, on l’appelait « le petit prince »… Ça m’a poussé à acheter ».
Problème : l’ascension de Vincent Faudemer n’est pas uniquement due à sa réputation. AlienX s’accompagne également d’engagements tous plus alléchants les uns que les autres : un tirage au sort qui permettrait de gagner un chèque de 500 000 $, un bon d’achat de 250 000 € pour la boutique MsMotors à Cannes, voire même plusieurs Rolex. « Il vendait une vie de rêve sur les réseaux sociaux, et il disait qu’il allait rendre les gens riches », relate un des plaignants. Au total, le montant de l’escroquerie s’élèverait à plus de 600 000 euros. Fin juin, l’entrepreneur a donc été condamné à une amende délictuelle de 40 000 €, à une confiscation de 50 000 € de cryptomonnaie, une interdiction d’exercer quelque gestion d’entreprise que ce soit pendant 15 ans, et une interdiction de détenir une société au cours de la même période. Une sanction qui fait également suite à deux condamnations : la première, en 2011, pour des faits similaires ; la seconde, en 2017, pour pratiques commerciales trompeuses. Après tout, pourquoi changer les mauvaises habitudes… ?