Le grand représentant français de la Biennale de Venise 2024 s’expose au Magasin CNAC de Grenoble le temps d’une rétrospective d’envergure, à la fois poétique et sensorielle.
Si Julien Creuzet est né au Blanc-Mesnil, c’est bien en Martinique qu’il passe la majorité de son enfance, en plein cœur de cette terre caribéenne située au carrefour des cultures indiennes, africaines et européennes. Est-ce un hasard, dès lors, si l’artiste crée des œuvres protéiformes, hautement redevables à ce melting-pot et toujours prêtes à célébrer ces imaginaires multiples ? À l’évidence, non.
À l’image de son île, traversée par de multiples traditions, Julien Creuzet ne saurait se limiter à un seul médium. Depuis une dizaine d’années, il interroge ainsi les échanges postcoloniaux trans-océaniques en poésie, en musique, en sculpture ou même en vidéo. Sélectionné pour représenter la France lors de la prochaine Biennale de Venise, prévue fin avril, son travail se découvre actuellement au Magasin CNAC, à Grenoble, le temps d’une grande monographie retraçant sa carrière jusqu’au 26 mai.
L’image-mouvement sensorielle
Intitulé Oh téléphone, oracle noir (…), en référence à l’une des oeuvres présentées, l’événement propose de découvrir Julien Creuzet à travers l’angle particulier de la vidéo, médium qu’il affectionne particulièrement et qui se révèle l’être l’un des éléments les plus constant dans sa pratique. Mis en relation avec ses sculptures organiques et les travaux de Phoebe Collings James, Christina Kimeze, Manuel Mathieu, Bruno Peinado et Chloé Quenum, les films/collages de Julien Creuzet oscillent entre intériorité puissante et sophistication léchée, contribuant à eux seuls à la création de nouveaux langages.
L’exposition est personnelle, certes, mais le partage est ici une valeur prônée en toile de fond, caractéristique d’un artiste dont la pratique est par définition tournée vers l’autre. Profondément habitée, l’exposition Oh téléphone, oracle noir (…) se reçoit ainsi comme une collection d’œuvres aussi politiques que poétiques, qui n’appellent qu’à une chose : la connexion.
- Oh téléphone, oracle noir (…), jusqu’au 26 mai 2024, Le Magasin CNAC, Grenoble.