Des Nymphéas de Monet à la série NFT Les baigneuses de Sasha Katz, n’y a-t-il qu’un seul mouvement de brasse ? Jusqu’au 24 mai, l’exposition La Poétique de l’eau, organisée par Danae.io et curatée par Elisabeth Karolyi, incite quoiqu’il en soit à se poser une question : pourquoi la thématique de l’eau coule-t-elle dans les veines des artistes ?
Depuis le 25 avril dernier, une onde traverse les locaux de Danae.io : celle, ruisselante, qui inspire les poètes et artistes depuis toujours. Développée autour de la thématique de l’eau, la nouvelle exposition collective de Danae.io et de 1703 (La poétique de l’eau) présente les travaux d’onze artistes (Sybil Montet, Nikolas Chasser Skilbeck, Jacques Perconte, Sasha Katz, etc.) qui représentent, détaillent et s’inspirent d’un sujet aussi universel qu’intergénérationnel, cette fois-ci exclusivement traité via des outils numériques.
En effet, le sujet n’est pas nouveau. Il n’y a qu’à se balader dans les musées parisiens pour en saisir la mesure : Les mille visages de la Seine peints par Renoir, Monet et Berthe Morisot sont exposés au Musée d’Orsay, tandis que le Louvre abrite d’antiques représentations byzantines des rivières et des océans. Des décennies après, alors que les lignes de codes ont remplacé les pinceaux pour de nouveaux créateurs, la thématique de l’eau, elle, ne s’est jamais évaporée.
L’eau, un sujet politique ?
Comment expliquer que cette fascination pour le flot traverse les époques ? Pour Elisabeth Karolyi, curatrice pour 1703, l’eau est « un thème qui est présent dans l’art en général parce qu’il y a une forte valeur symbolique, explique-t-elle à NFT Morning. C’est un sujet de société. On dépasse le symbolique pour parler politique, pour représenter l’eau à l’heure des bouleversements climatiques et de la sur-industrialisation. » Au-delà des jeux de textures et de lumière permis par une telle thématique, parler d’eau, c’est parler d’un monde en crise, d’une société changeante et complexe. Mais toujours avec poésie, à l’image de l’artiste IA Kalen Iwamoto, qui présente une vidéo inspirée d’Ulysse de James Joyce dans l’idée de mettre en lumière la désinformation à l’ère digitale et la nécessité d’affuter son esprit critique. Quant à la Canadienne Bianca Hacheney-Arroyo, elle propose une animation onirique sur la disparition des espèces, comme pour rappeler l’essentiel : au fil de l’eau, même les sujets les plus laids finissent par devenir beaux.
- La poétique de l’eau, exposition collective, jusqu’au 24.05, Danae.io, Paris.