Future Media FEST : ode à la singularité technologique

Future Media FEST : ode à la singularité technologique
©Future Media FEST

Jusqu’au 15 décembre, Taipei rassemble la fine fleur de cette génération d’artistes pour lesquels les algorithmes ont remplacé les pinceaux. Une singularité que le Future Media FEST est bien décidé à embrasser, au point de faire de cette notion le fil conducteur de son édition 2024.

« La singularité technologique, telle qu’elle a été imaginée par le mathématicien et informaticien Vernor Vinge en 1993, désigne un moment charnière où l’intelligence artificielle éclipse l’intelligence humaine ». Ce sont par ces mots que le C-Lab, organisateur de l’événement taïwanais, annonce cette édition du Future Media FEST. À l’intersection de l’art, du numérique et de la science, le festival propose une célébration ambitieuse de la singularité technologique, mais également humaine et créative. Avec, en fil rouge, cette question : et si ce qui est annoncé comme une tragédie signait finalement le renouveau de la pratique créative ?

En anticipant ce moment théorique où les machines dépasseront l’intelligence humaine, la manifestation dépasse, elle, plonge tête baissée dans la pratique. Cette réflexion se reflète dans les œuvres présentées au festival, où l’intelligence artificielle devient collaboratrice, co-créatrice, transformant les codes habituels de la création artistique et challengeant les artistes. Des œuvres visuelles générées par des algorithmes aux installations interactives où les spectateurs peuvent influer sur le déroulement de l’expérience, le Future Media FEST fait la part belle à ces formes d’art hybride, impressionnantes pour les yeux mais tout aussi influentes sur les méninges, largement stimulées par cette programmation automnale.

Sculpture métallique d'une femme dont la tête a été remplacée par celui d'un animal.
The Animals, 3D holographic display, 2023–2024 ©Huang Zan-Lun

Que se passera-t-il demain ?

Vingt-six œuvres captivantes de vingt-trois groupes d’artistes originaires de neuf pays – Louis-Philippe Rondeau (Canada), Lu Yang (Chine), Kim Ayoung (Corée du Sud), Anke Schiemann (Allemagne) ou encore YUAN Goang-Ming et HUANG Zan-Lun côté Taïwan – offrent ici un aperçu de territoires créatifs inexplorés, et redéfinissent ainsi la manière dont nous interagissons avec les récits visuels et sonores. Bien au-delà d’une simple exposition d’œuvres numériques, cette rencontre se distingue par son exploration en profondeur des dernières avancées technologiques, de la réalité virtuelle à la réalité augmentée, en passant par l’IA, appliquée ici aux arts visuels. Performances live, expositions interactives, expériences en VR remettent ainsi en question nos perceptions du réel, et interrogent : de quelle manière les technologies immersives modifient le champ de la création, mais aussi la manière dont nous recevons et interprétons les œuvres d’art ? 

En ce sens, le FMF est une véritable invitation à la réflexion. Un programme de conférences et des temps d’échanges s’ajoutent d’ailleurs aux espaces d’exposition, donnant la parole à des experts du monde entier, invités à discuter des dernières avancées dans les domaines de l’audiovisuel et des rapports hommes/machines. Parmi les thématiques abordées figurent ainsi le rôle croissant de l’IA au sein de la création artistique – et notamment dans le domaine de la musique -, les nouvelles frontières de la narration immersive ou encore l’impact des technologies XR sur les médias traditionnels. Car, là où certains ne voient que de simples prouesses techniques, le FMF va plus loin et interroge les implications philosophiques, éthiques et artistiques de cette vaste notion de singularité. Sans oublier, c’est là toute l’intelligence de l’évènement taïwanais, de proposer une vision bien plus optimiste d’un futur souvent dystopique.

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