Cette semaine, lorsque l’on a décidé de regarder dans le rétro, c’est aux Pays-Bas que l’on s’est retrouvé, fasciné par l’idée de contempler l’œuvre emblématique du sculpteur cybernétique Edward Ihnatowicz, The Senster. Soit une chimère robotique créée en 1970 et contrôlée par ordinateur.
Imaginez un peu. Une bête d’acier de 4 mètres de haut à l’allure de dinosaure ou de girafe est créée dans l’idée d’accueillir les visiteurs de l’ancien musée scientifique de Philips, l’Evoluon, entre 1970 et 1974. Quelle serait votre réaction ? La peur ? L’incompréhension ? La curiosité ? Pensé par l’artiste Edward Ihnatowicz suite à une commande de la marque néerlandaise, The Senster suscite un peu tout ça. Il faut dire que la « sculpture », installée dans le hall d’entrée, est l’une des premières œuvres d’art robotique pouvant être contrôlée à distance, par ordinateur.
Une prouesse technologique symbolisée ici par les réactions de la machine. À commencer par celles de sa tête et de son cou, qui réagissent aux bruits et aux mouvements émis par les visiteurs grâce à quatre microphones et deux capteurs radar Doppler. Ainsi, tandis que les sons doux font bouger sa tête vers celui qui l’émet, les sons plus forts l’encouragent à battre en retraite. Enfin, lorsqu’un spectateur se déplace rapidement, le robot tente de suivre ses mouvements.
L’art cybernétique ne meurt jamais
Si la description de ce drôle d’animal a de quoi effrayer, les visiteurs de l’Evoluon ont toutefois manifesté durant plus de quatre ans un vif intérêt pour The Senster – à l’époque, il n’est pas rare de voir le public lui faire des signes ou tout simplement crier pour tenter d’attirer son attention. Pourtant, en 1974, Philips arrête l’aventure et finit par faire démonter l’œuvre. D’abord exposée en plein air en Nouvelle-Zélande, elle a depuis été acquise par l’Université des sciences et technologies de Cracovie en 2017 pour tenter de lui redonner vie. Après une longue période de rénovation, la sculpture interactive, emblématique de l’art cinétique, a même été réactivée dans le cadre de la 100ème inauguration de l’année académique, en 2019. À croire que le proverbe dit vrai : rien ne se perd, tout se transforme.