Si l’art numérique tisse des liens invisibles entre le vivant et la technologie, l’œuvre Wood Wide Web de Béatrice Lartigue en est probablement l’illustration la plus poétique. Cette installation interactive, dont le nom évoque aussi bien Internet que le réseau souterrain de communication des arbres, explore le parallèle fascinant entre les écosystèmes naturels et les infrastructures numériques.
Créée en 2023, Wood Wide Web prend racine dans les réseaux mycorhiziens, ce système par lequel les arbres échangent diverses informations et ressources via leurs racines et les champignons qui les entourent. Une sorte d’Internet végétal, en quelque sorte. Fascinant, cet ensemble de canaux inspire en tout cas à l’artiste française Béatrice Lartigue une expérience immersive invitant le spectateur à interagir avec un environnement végétal virtuel.
Pensée sous la forme d’une installation, Wood Wide Web entend rendre visible l’invisible, notamment via la représentation d’un univers où se rencontrent flux de données et flux de vie. Ainsi, les visiteurs peuvent non seulement observer les interactions entre différents types de végétaux, mais également contribuer à leur expansion. Intégrés dans l’œuvre, ces derniers ont donc tout le loisir de la modifier, de se la réapproprier, voire même de comprendre à quel point chacune de leurs actions, qui génère un retour en temps réel, appuie l’idée d’une interdépendance des organismes vivants. Ou comment, via l’immersif et l’intelligence artificielle, qui sert ici à étudier des relations symbiotiques complexes, mettre en lumière la fragilité des écosystèmes.
L’art, lien ultime entre vivant et numérique ?
Membre fondatrice du collectif d’artistes et d’ingénieurs Lab212, Béatrice Lartigue a pris l’habitude de brouiller les frontières entre l’organique et le technologique. Wood Wide Web ne fait pas exception et s’inscrit dans la continuité de cette démarche en questionnant notre rapport à la nature, dans un monde toujours plus dominé par le numérique. Son œuvre, au carrefour de l’art, des sciences et des technologies, propose une réflexion sur l’impact des réseaux digitaux sur nos écosystèmes physiques. Ce réseau souterrain, que la Française réinvente à travers l’interaction technologique, devient alors une allégorie du réseau global d’Internet et rappelle l’essentiel : oui, à l’instar du fonctionnement des arbres, nos actions individuelles se répercutent au sein d’un ensemble plus vaste, et contribuent, qu’on le veuille ou non, à la formation d’un tout.
Au-delà de la métaphore, le travail de Béatrice Lartigue invite également à réfléchir sur ce lien qui nous rattache à notre environnement naturel. À travers une approche visuellement captivante, la Française, diplômée en 2008 des GOBELINS, nous interroge sur la manière dont nous pouvons collaborer avec la technologie afin préserver les écosystèmes réels. Chez elle, l’art est donc une plateforme de sensibilisation où la beauté du vivant rencontre les dernières innovations technologiques, un espace d’échanges où chaque connexion compte. Pour, peut être un jour, espérer une coexistence complètement harmonieuse ?