Premier contact : Gala Hernández López en 3 infos essentielles

23 mai 2024   •  
Écrit par Zoé Terouinard
Premier contact : Gala Hernández López en 3 infos essentielles
©Julien Liénard

Être artiste, c’est permettre la rencontre avec une œuvre, une pensée, un thème, une esthétique. Pour ce faire, il faut d’abord, du côté de l’artiste en question, s’être fait reconnaître. C’est l’objectif de « premier contact », série de mini-portraits pensés comme des speed-meeting, des premiers points d’accroche avec de jeunes artistes et leurs univers si singuliers. Cette fois, Fisheye Immersive s’intéresse à l’artiste, cinéaste et chercheuse Gala Hernández López qui s’attèle à dénoncer le capitalisme computationnel à travers une vision féministe.

Un élément biographique

Née en 1993 à Murcie (Espagne), Gala Hernández López vit et travaille aujourd’hui entre Paris et Berlin. Doctorante à l’École doctorale esthétique, sciences et technologie des Arts de l’Université Paris 8, cette Européenne dans l’âme s’illustre aussi bien dans la recherche que dans la pratique artistique et le cinéma, et développe actuellement un projet de recherche-création sur la capture d’écran comme média à l’ère post-Internet.

Dans ses docu-fictions et autres installations vidéos, l’artiste dissèque les modes économiques liés au virtuels d’un point de vue féministe et critique, ce qui lui a notamment valu d’être résidente de l’Académie de France à Madrid, d’animer des ateliers de recherche-création, de donner des conférences performées à la Filmuniversität Konrad Wolf, en Allemagne, et d’être exposée au Salon de Montrouge ou lors de la Biennale Nova_XX au Centre Wallonie-Bruxelles/Paris,

Screenshot du film Hold on for dear life, 2024 ©Gala Hernández López

Une œuvre

Sa dernière création, Hold on for dear life, fait suite à deux premiers volets d’une série de films – La Mécanique des fluides (2022) et for here am i sitting in a tin can far above the world (2024) – invitant à réfléchir sur les processus d’individuation contemporains dans son articulation aux algorithmes et aux flux numériques de données et de capitaux. C’est technique, certes, mais c’est surtout impressionnant de poésie, de narration et d’expérimentation dans le montage.

Actuellement en développement, for here am i sitting in a tin can far above the world prend la forme d’une installation multi-écrans expérimentale qui explore les liens entre la culture crypto et la pensée magique en Espagne, en prenant pour toile de fond la crise économique de 2008. Sélectionné au Short Form Station de la Berlinale 2023, lauréat du Bremen Award for Video Art 2023, du dispositif Fonds Régional pour les Talents Emergents (FoRTE) 2023, ainsi que du dispositif Fonds d’aide à la création immersive du CNC, ce projet prend sa source dans les travaux de recherche de Gala Hernández López sur la culture crypto, et plus précisément encore les crypto-actifs et la blockchain en Espagne. 

Un haut fait d’arme

Pour comprendre la réalisation d’un projet tel que Hold on for dear life, il faut très probablement évoquer La Mécanique des fluides, tant ce moyen-métrage, sorti en 2022 et soutenu par le CNC – DICRéAM, multiplie les honneurs ! Prenant comme point de départ la lettre de suicide virtuelle d’un incel publiée sur Reddit en 2018, à laquelle le film souhaite répondre, La Mécanique des fluides reçoit dans la foulée le précieux César du meilleur court métrage documentaire 2024… mais pas que. Grand Prix de la Compétition Contrebande, Prix France Télévisions de la Meilleur.e Auteur.e de Court-métrage toutes compétitions confondues, Prix de l’œuvre expérimentale 2023 de La Scam…

En tout, le film reçoit plus d’une dizaine de récompenses, toutes venant saluer les prises de position d’une réalisatrice qui s’attaque ici au capitalisme numérique à travers l’exemple des applications de rencontre. Pour Gala Hernández López, la figure de l’incel (soit « involuntary celibate » ou « célibataire involontaire ») incarne « une désolation humaine très sombre, liée à l’atomisation sociale produite par Internet et les écrans ». Elle développe, à propos de son film : « Je voulais explorer leurs affects qui résonnaient en moi d’une manière inattendue, car je me suis aussi retrouvée souvent terriblement seule derrière l’écran de mon téléphone portable, obnubilée par son illusion de connectivité et de sociabilité. » Entre récit intime et velléités politiques, Gala Hernández López crée ainsi tout un imaginaire visuel à partir de collages de vidéos YouTube, d’images d’archives et d’animation 3D, tout en saisissant au mieux ce sentiment d’incertitude qui semble actuellement flotter au-dessus du monde.

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