Connue pour avoir récemment développé le jeu vidéo School as a Model, Basmah Felemban compte bien montrer toute l’étendue de son talent lors de la prestigieuse résidence d’Art Explora.
Chaque année, la Fondation Art Explora, en collaboration avec la Cité internationale des arts, accueille son très attendu nouveau cru d’artistes résidents ! Et parmi la dizaine de créateurs sélectionnés, le programme fait la part belle aux artistes numériques, dont Basmah Felemban, commissaire d’exposition et plasticienne à la pratique protéiforme. À la fois peintre, sculptrice, mais également conceptrice de jeux vidéo, cette Saoudienne de 31 ans, originaire de Djeddah et désormais basée à Londres, a fait le choix… de ne pas choisir. Une bonne nouvelle, tant cette approche pluridisciplinaire lui permet d’explorer dans ses grandes largeurs le thème de la réimagination de l’histoire perdue à travers la littérature de science-fiction.
Gloire à l’art de rue
Si Basmah Felemban ne débarque pas de nulle part, son travail ayant déjà été présenté lors de nombreux événements prestigieux, tels que Art Basel ou Worldbuilding, la jeune femme entend bien profiter de sa résidence pour développer une installation documentaire mêlant graffiti et pratique multimédia. Baptisé Under the Sun, son projet prend pour socle (sans mauvais jeu de mots), la roche, « le plus vieux témoin et calculateur, la conjoncture physique où le désert rencontre le soleil, un lieu de transformation, et d’amnésie », précisent les organisateurs d’Art Explora.
À partir d’histoires collectées de breakdancers, de rappeurs ou de graffeurs, l’artiste vise ainsi à ériger ces figures du hip-hop en véritables dieux mythologiques, évoluant sur un terrain de jeu déformé. L’occasion pour Basmah Felemban de rapprocher le graffiti des premiers exemples d’écriture, mais aussi d’évoquer l’impact de l’environnement urbain sur l’art de rue et les espaces abandonnés en transition.
Pour Art Explora, le numérique a la côte !
Basmah Felemban n’est pas la seule à élaborer un projet incluant une pratique numérique lors de cette résidence. Artiste chinois basé à Amsterdam, Peng Zuqiang prépare de son côté Understories, une œuvre vidéo basée sur des recherches sur le film 8,75 mm – un format de celluloïd unique en Chine et qui n’a jamais circulé ailleurs. Quant à l’Américaine Steffani Jemison, cette dernière développe ses recherches sur la fugitivité, le flottement et l’envol en tant que matériel visuel et pratique corporelle à travers le mythe grec d’Icare.
Mais revenons-en un instant à Basmah Felemban qui, après avoir appris le design graphique en autodidacte, se plaît depuis 2011 (date de sa première création, Jeem) à envisager son travail comme un immense collage numérique de références diverses. Avec, en prime, School as a Model, un jeu vidéo où elle nous emmène dans les couloirs de son ancien lycée, duquel elle ne cesse de s’échapper. Une certaine idée de sa carrière, insaisissable et labyrinthique ?