Dévoilée dans le cadre de l’exposition Tremulations, présentée au printemps dernier à la Swedishborg House, la nouvelle œuvre de l’artiste britannique Mark Leckey continue de nous obséder par son approche singulière de la réalité virtuelle.
Organisée par Daniel Birnbaum et Jacqui Davies l’été dernier, l’exposition Tremulations rendait hommage aux archives de la Maison Swedishbor et s’organisait en trois chapitres, chacun étant ouvert par une œuvre en réalité virtuelle produite par Acute Art. La première d’entre elle, The Bridge, est signée Mark Leckey, grand nom de l’art vidéo contemporain. Celui qui a marqué le début des années 2000 avec l’oeuvre audiovisuelle Fiorucci Made Me Hardcore, ainsi qu’en devenant lauréat du très prisé Turner Prize en 2008, montre qu’il est toujours un nom qui compte au sein du paysage artistique.
En témoigne sa première œuvre en réalité virtuelle, à travers laquelle Mark Leckey crée une atmosphère tout à fait particulière. Sombre et onirique, son travail explore ici les évolutions techniques qui façonnent notre monde grâce à la mise en scène de nuages de points matérialisant ses souvenirs, à la fois réels et fabriqués. À l’entendre, ce serait là une manière de créer des liens différents avec le public, de l’inviter à s’immerger dans l’intimité (contrôlée) de l’artiste, lui-même marqué par l’expansion d’Internet et les avancées technologiques.
Un pont entre souvenirs réels et fantasmés
L’arrivée de Mark Leckey dans la réalité virtuelle est finalement logique pour quiconque sait à quel point l’Anglais, depuis ses débuts, semble troublé par le passé, explorant à chaque œuvre les méandres de l’esprit, entre souvenirs incertains et fragments de jeunesse remodelés. « Beaucoup de mes œuvres trouvent leur source dans des choses et des expériences de mon enfance et de ma jeunesse qui me hantent encore. » explique le plasticien, 60 ans.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ce dernier utilise la figure du pont dans son travail. On se souvient notamment de son exposition O’ Magic Power Of Bleakness à la Tate Britain (2019) pour laquelle il avait installé dans le musée britannique une réplique grandeur nature d’un tronçon de la M53 surplombé par un pont. Pour l’occasion, Mark Leckey avait même organisé une soirée intitulée « Under the bridge ». Comme une évidence.