Si l’art immersif prend de plus en plus de place dans les institutions, aucune n’était jusqu’alors revenue sur son histoire, bien plus ancienne qu’il n’y paraît. Remercions donc le MCBA de Lausanne pour cette initiative, à découvrir jusqu’au 3 mars 2024.
C’est dans une salle méconnaissable que se déploie la nouvelle exposition du Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Intitulé Immersion. Les origines: 1949-1969, l’événement est un pied de nez aux établissements qui multiplient les expériences immersives mettant en scène des tableaux qui n’ont jamais été pensés pour être projetés sur de larges écrans. En Suisse, il s’agit plutôt de remonter aux prémices de la technologie immersive, à la démarche de ces artistes qui, il y a près de soixante-dix ans, ont contribué à redéfinir les notions d’espaces et impliqué de plus en plus le spectateur en utilisant, notamment, des outils multimédias.
L’héritage des pionniers
Pour revenir sur les premières heures de ces technologies, qui provoquent d’office de nouvelles manières de créer, le MCBA dévoile quatorze installations immersives, pour la plupart reconstruites pour la première fois depuis leur création : des œuvres longtemps considérées comme trop subversives par les musées, qui n’avaient jusqu’alors trouvé refuge que dans les galeries les plus expérimentales.
Parmi elles, Ambiente spaziale a luce nera de l’Italo-Argentin Lucio Fontana, considéré comme le pionnier de l’art immersif (1949), une création de Christian Megert peuplée de miroirs (1960), un espace lumineux rempli de plumes intitulé Feather Room et signé Judy Chicago (1966), ou encore Fanflashtic du collectif USCO reproduisant une expérience sous LSD (1968). L’occasion de revenir sur les tentatives d’expansions spatiales, d’interrogation sur l’échelle et de comprendre le chemin parcouru par l’art immersif depuis la fin des années 1940 au sein d’un monde de l’art pas encore tout à fait acquis à sa cause.