À l’Espace multimédia Gantner, jusqu’au 20 janvier 2024, une exposition associe vidéo, dessin, performance, installations immersives et jeu vidéo pour tenter de reconnecter ce qui relie l’humain aux « futurs ancestraux » : le vivant.
En 2022, notre planète comptait 3,03 milliards de gamers, soit plus d’un tiers de ses habitants, faisant de ce hobby le « plus grand phénomène de masse de notre époque », comme le décrit l’Historien de l’Art Hans-Ulrich Obrist. Source d’une telle globalisation, le jeu vidéo se mêle peu à peu au monde de l’art, donnant ainsi naissance à des expériences et des réflexions inédites. Sous la houlette de l’artiste et commissaire Isabelle Arvers, l’exposition Aux futurs ancestraux : de l’art numérique aux jeux vidéo, à Bourogne, en Franche-Comté, explore les points d’interaction et de divergences entre art visuels et jeux vidéo, tout en permettant la rencontre avec différents artistes et de game designers.
Connaissant les thématiques de prédilection d’Isabelle Arvers, rencontrée il y a quelques mois pour parler de la décolonisation à l’œuvre dans les arts digitaux, on ne s’étonne pas que l’accent soit particulièrement mis sur les pratiques de ces femmes – queer, féministes et décoloniales – impliquées dans la création numérique.
Du divertissement à l’objet politique et esthétique
Jusqu’au 20 janvier 2024, Aux futurs ancestraux se reçoit donc comme un écho nécessaire aux pratiques du gaming et de l’art numérique dont l’ampleur ne cesse d’accroître, et auxquelles les institutions commencent tout juste à s’intéresser. Laura Palavecino, Daniela Fernandez, Aniara Rodado, Henri Tauliaut, Techn’Orisha (collectif d’Isabelle Arvers, venu présenter ici l’œuvre interactive eFA) ou encore Denetem Touam Bona et Vassivières (à l’occasion de Spectographies : contres d’une nuit étoilée) nous invitent ainsi à plonger dans leur (méta)univers, poussant le format du jeu au-delà de sa « simple » valeur de divertissement, en lui injectant des enjeux sociaux, politiques et esthétiques.
« Aux futurs ancestraux nous immerge dans d’autres types de représentations, villes, paysages, récits et cosmogonies, conçus et exprimés dans d’autres langues, et cherche à décoloniser notre imaginaire par la co-construction de récits nés de la rencontre entre tradition orale, savoirs endogènes et univers virtuels », explique Isabelle Arvers.
Bien plus qu’une simple exposition intéressante, Aux futurs ancestraux s’impose donc comme un rendez-vous incontournable, avec son lot de dates clés à noter en rouge dans son agenda : à partir du 5 décembre, des visites de l’exposition en réalité virtuelle seront à expérimenter sur le site web de l’EMG, tandis que la commissaire Isabelle Arvers proposera le 14 janvier prochain une visite guidée de l’exposition suivie d’une performance d’Aniara Rodado. D’ici là, un seul mot d’ordre : restez connectés !