Présentée au Grenier à sel d’Avignon jusqu’au 7 juin, l’exposition Sève élémentaire de l’artiste-chercheur Fabien Léaustic interroge nos origines biologiques, métaphysiques et planétaires. Une traversée sensible qui brouille les frontières entre art, science et récits mythologiques.
Dans un geste où se rencontrent la rigueur du scientifique et la sensibilité du poète, Fabien Léaustic compose une œuvre immersive aux confins du visible et du vivant. Un entre-deux qui sied à la perfection à cet artiste-chercheur, formé à l’ingénierie et aux arts décoratifs, et constamment en équilibre entre ces deux disciplines.
Ne se contentant jamais d’illustrer des données ou de poétiser la recherche, l’œuvre de Fabien Léaustic en propose une relecture plastique, physique, presque alchimique. À travers des installations, des vidéos, des outils interactifs et des récits visuels, l’artiste transforme un simple espace d’exposition en un véritable organisme vivant, traversé par des flux, des ondes et des codes génétiques.
L’artiste comme sismographe du vivant
Dans Sève élémentaire, Fabien Léaustic orchestre une polyphonie d’éléments pour faire émerger une méditation sensorielle sur le vaste sujet de l’origine de la vie, transformant l’ADN en une matière poétique. Le titre, lui-même, évoque une essence souterraine, un chemin invisible reliant l’infiniment petit à l’infiniment vaste. Dans cette exposition, visible jusqu’au 7 juin au Grenier à Sel, le visiteur est invité à composer des chimères, croisant les gènes de différentes espèces, pour générer des « méduses ADN », ces créatures suspendues entre les règnes, projetées en constellations mouvantes.
Mais au-delà de l’expérience technologique ou interactive, c’est bien la pensée qui s’impose comme lien. Une pensée organique, non hiérarchisée, où l’homme ne domine plus mais coexiste avec l’ensemble de son environnement. Ici, Fabien Léaustic réactive à sa manière une forme contemporaine de la pensée animiste, où les frontières entre les règnes du vivant se dissolvent dans une cartographie sensible de la Terre. Il ne s’agit pas de représenter, mais de bien de ressentir et, surtout, de se questionner : à quoi ressemblerait une écologie profonde, incarnée, sensorielle ?
En posant un regard interdisciplinaire sur nos origines, Fabien Léaustic réinvente aussi l’avenir et nous parle d’un monde où les mythologies ancestrales, les intuitions scientifiques et les sensibilités artistiques ne s’opposent plus, mais s’imbriquent. Là où la sève élémentaire circule, une autre manière d’être au monde devient possible.
- Sève élémentaire, Fabien Léaustic, jusqu’au 7 juin, Greniel à Sel, Avignon.