Avant de s’imposer dans les musées, l’art numérique trouve sa source dans les bibliothèques. « Book Club » revient sur ces livres essentiels des mouvements créatifs explorant les liens avec les nouvelles technologies. IA, métavers, réalité augmentée… Ces auteurs traitent de tout ! Aujourd’hui, focus sur Snow Crash, le roman postcyberpunk de Neal Stephenson.
L’auteur
Né en 1959 dans le Maryland, état américain connu pour abriter les bureaux de la NASA et de la cryptologie, Neal Stephenson baigne dans un univers de science-fiction depuis son plus jeune âge. Avec ses parents – respectivement professeur de génie électrique et professeure de biochimie -, il déménage successivement dans l’Illinois, puis dans l’Iowa, où il poursuit ses études jusqu’en 1977, année au cours de laquelle il montre un fort intérêt pour la programmation et les cultures numériques. Pourtant, comme sa mère, c’est la physique qu’il finit par étudier, d’abord à l’Université de Boston, avant de se tourner vers la géographie, prétexte tout trouvé pour utiliser l’ordinateur central de sa faculté.
En parallèle de ses études, Neal Stephenson entame l’écriture de plusieurs romans, tels que Panique à l’université ! ou Zodiac. Une activité qu’il poursuit une fois son diplôme en poche, en publiant notamment Le Samouraï virtuel (Snow Crash, en anglais, un titre nettement moins racoleur…) en 1992, un roman postcyberpunk considéré aujourd’hui comme une référence du genre.
Le pitch
D’un côté, Hiro Protagoniste, livreur de pizza, hackeur et plus grand sabreur des mondes physiques et virtuel ; de l’autre, Y.T, une adolescente plutôt dégourdie. Deux personnages que Neal Stephenson met en scène dans une Amérique futuriste gangrénée par les sectes religieuses et la mafia. Le Samouraï virtuel déploie ainsi de nombreux nouveaux concepts dans un espace narratif à l’humour grinçant. Au fil de ses 432 pages, mêlant théories linguistiques sur les structures profondes du langage, mythes sumériens et hypothèses anthropologiques sur les religions, l’ouvrage réussit même l’exploit d’introduire pour la première fois un terme alors encore inédit en 1992 : « métavers ».
Notre avis
Dystopie étrange et visionnaire, Le Samouraï virtuel est un ouvrage incontournable pour tous les amateurs de mondes cyberpunks, steampunks ou simplement science-fictionnels. Complètement barré, le roman, relativement rythmé, porté par une intrigue bien ficelée, induit toutefois des notions, elles, relativement sérieuses : critiques des pouvoirs politiques, charge contre les entreprises capitalistes, mais aussi anticipation de la réalité virtuelle et du métavers. Sans oublier, là est sa force, de faire émerger des concepts fantasmagoriques, comme le « cimetière des hackeurs », soit « le plus gros mais le moins efficace des producteurs de programmes informatiques du monde ».