Déjà exposé deux fois au Centre Pompidou, Fred Forest revient dans le grand musée parisien pour présenter l’épilogue d’une œuvre initiée il y a près de 20 ans : la « Biennale 3000 ». Une plongée dans les archives de l’artiste français à découvrir jusqu’au 22 juillet.
Lorsque l’on atteint les 90 ans, on sait que chaque exposition pourrait bien être la dernière. C’est ce qu’aurait dit Fred Forest au Centre Pompidou pour les convaincre d’organiser sa troisième (qu’il considère déjà comme ultime) exposition au sein de l’institution parisienne. Certes, rares sont les artistes vivants à avoir bénéficié d’un aussi grand nombre de monographies dans l’un des plus grands musées d’art contemporain d’Europe, mais Fred Forest n’est pas n’importe qui : figure incontournable de l’art vidéo, ce papy fana de numérique fait bel et bien de la résistance avec sa « Biennale 3000 », un projet d’envergure aujourd’hui détaillé à Beaubourg.
Art vidéo : l’image dans tous ses éclats
Intitulée Fred Forest et les technologies de l’information : archives de projets vidéo et numériques, l’exposition rend hommage à cet éternel provocateur, critique des institutions, qui se plaît à questionner dans des œuvres – souvent participatives – l’impact des technologies sur nos environnements sociaux-médiatiques. Sa rencontre avec la technologie se fait dès les années 1960, alors qu’il est contrôleur des postes et télécommunications. Dès 1967, le Français se met à utiliser la vidéo et développe une pratique qui touchera aussi bien à la presse et à la radio qu’aux réseaux télématiques, au net art, ou même à la réalité virtuelle.
Traduction : Fred Forest est de ces avant-gardistes constamment postés au premier plan des avancées technologiques. Pour preuve, citons cette fois où, en 2008, il a installé un Centre expérimental du territoire et laboratoire social dans le métavers Second Life, ou encore ce jour de 2021 où il met en vente son premier NFT en écho à sa vente emblématique en ligne de 1996.
Le premier, pour toujours
Ce goût pour le virtuel se cristallise notamment au Brésil, à partir de 2006, lorsque Fred Forest imagine, en opposition à la Biennale officielle de Lisette Lagnado : la « Biennale 3000 », un dispositif virtuel uniquement en ligne qui a l’avantage d’être visité où que l’on soit à travers le monde, sans déplacement physique. Cet événement s’appuie sur une gestion automatique des participations sans intervention humaine, mettant ainsi fin à toute forme d’entre-soi ou de passe-droits.
Au Centre Pompidou, Fred Forest et les technologies de l’information : archives de projets vidéo et numériques illustre ainsi « parfaitement ce principe de fonctionnement dédié à des manifestations immatérielles qui ne feront que se multiplier dans le temps, et dont je mets moi-même ici en exergue le fonctionnement », explique-t-il. Toujours en quête d’inédits, Fred Forest précise aussi qu’il s’agit ici d’une « des premières expositions du genre (…) dans une « grande » institution ». Ou comment, même à 90 ans, avoir toujours un coup d’avance.
- Fred Forest et les technologies de l’information : archives de projets vidéo et numériques, jusqu’au 22 juillet 2024, Centre Pompidou, Paris.