Suite à la découverte de la XR par l’entremise d’un de ses professeurs, la jeune diplômée en graphisme Maria Than se prend de passion pour le monde de la technologie qu’elle utilise à des fins aussi créatives que sociales. Une révélation !
Issue d’une famille anglaise et franco-vietnamienne, Maria Than s’inspire de son propre parcours pour parler d’identité et d’assimilation culturelle. Actuellement exposée à la arebyte Gallery, à Londres, où elle est également en résidence, l’artiste utilise différents supports numériques pour parler de ses origines et du rapport qu’elle entretient avec son histoire et celle de sa famille. Composée d’oeuvres numériques interactives – réalité virtuelle, IA, animation ou encore images de synthèse -, son exposition Homage To Quan Âm doit son nom à la désignation vietnamienne du bodhisattva (divinité bouddhiste) associé à la compassion, à la miséricorde et à la médecine. Durant le parcours, Than raconte son tiraillement entre la culture de sa famille et les préjugés racistes de ses camarades, la poussant à s’éloigner elle-même de ses racines. On parle alors d’assimilation culturelle.
Travail personnel, résonance universelle
Cette identité fragmentée est précisément celle avec laquelle Maria Than tente de renouer à travers ce premier solo show, très personnel, fait d’œuvres à l’esthétique faussement vintage. C’est ainsi qu’elle nous fait le récit de la formation de son identité en trois actes : le refus, symbolisant la peur de l’isolement dès la petite enfance ; la compréhension, signifiant l’appréciation compatissante de la famille ; et l’acceptation, représentant l’adoption du patrimoine. « Mettre en place cette exposition fut un processus très émotionnel et personnel qui m’a obligé à me replonger dans des souvenirs à la fois difficiles et joyeux », confie-t-elle au média Creative Lives in Progress, tout en précisant à quel point Homage To Quan Âm est centrée sur ses racines vietnamiennes, son expérience d’enfant britannique à Paris et son immersion dans le bouddhisme tibétain et le catholicisme.
Si Maria Than raconte cette expérience de jeune femme racisée en Europe à travers son art, elle s’en sert également pour créer des initiatives tournée autour du numérique et des enjeux sociaux. Avec ses amies Anna Tsuda, Safiya Ahmed et Bristy Azmi, la designer numérique a notamment fondé Ricebox Studio en référence à leurs origines indiennes mutuelles (elles sont japonaise, indienne, bengali et vietnamienne) afin de mettre en lumière des sujets tels que l’écologie ou le racisme. « Notre mission est d’utiliser la technologie créative et le design pour le bien social et d’entamer des conversations sur des sujets importants », explique Maria Than, consciente du caractère nécessaire des actions de ce genre. Et de la pertinence des outils numériques au moment de favoriser la découverte de soi, la compréhension de l’autre, et donc la mise en avant d’autres récits, moins occidentaux.